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40 ans d’éducation sexuelle

Alors que le débat sur la «sexualisation» de l'école fait rage, 360° revient sur une discipline qui pourrait enfin évoluer avec son temps.

C’est une petite révolution rose qui attend les écoliers vaudois à la rentrée 2013. Le programme d’éducation sexuelle, soit trois fois une heure et demie dans la scolarité obligatoire vaudoise, sera en effet remanié pour être davantage «gay friendly». Les treize intervenantes du centre médico-social PROFA seront mieux formées sur cette question, sensibilisées à un vocabulaire qui inclut les gays et les lesbiennes et disposeront d’une documentation bien plus fournie sur le sujet que les années précédentes.

Avant 2007, une animatrice PROFA ne pouvait parler d’homosexualité en classe que si un élève posait des questions à ce sujet. En 2007, le programme officiel des cours d’éducation sexuelle est établi dans le canton de Vaud mais deux ans plus tard, un rapport de l’IUMSP (Institut universitaire de médecine sociale et préventive) établit que soit l’homosexualité n’est pas abordée, soit on en parle de manière pas toujours adéquate. Depuis, sous l’impulsion du Plan national VIH-IST 2011- 2017 mené par l’Office fédéral de la santé publique, «des progrès énormes ont été réalisés même si le Grand Conseil Vaudois, n’est pas particulièrement gay-friendly», affirme Florent Jouinot, membre du comité de l’association VoGay et coordinateur de son Groupe Jeunes. Prochain objectif: que les élèves concernés puissent s’adresser à des personnes compétentes et sensibilisées à ces thèmes hors des cours d’éducation sexuelle «qui représentent après tout très peu d’heures dans toute la scolarité», souligne-t-il.

Légitimité à en parler
A Genève, les cours d’éducation sexuelle commencent à l’âge de six ans et «depuis 2002, l’homosexualité est abordée à l’âge de huit ans, dans le cadre d’un enseignement sur l’histoire de la vie» explique Jean-Dominique Lormand, médecin directeur des services de santé de la jeunesse depuis quatre ans. «On parle d’abord des familles recomposées et de l’homoparentalité. Cela ne pose aucun problème à la plupart des enfants. Le sentiment homophobe vient plus tard, lorsqu’on découvre son identité sexuelle», dit Jean-Dominique Lormand qui souligne que les parents demandent rarement à dispenser leurs enfants d’éducation sexuelle. «Il est légitime d’aborder ce sujet. L’école doit assumer et promouvoir la diversité.»

L’homosexualité est aussi abordée lors des interventions de l’organisation Action Innocence qui lutte pour préserver la dignité des enfants sur Internet. «C’est l’occasion de clarifier une bonne fois pour toutes le fait qu’homosexualité et pédophilie n’ont rien à voir», affirme-t-il tout en déplorant qu’il n’y ait pas plus d’heures d’éducation sexuelle qu’auparavant. «Les enjeux et les problèmes liés à la vie sexuelle et amoureuse se sont multipliés.»

«L’amour est respectable»
Pour Christine Noyer qui est responsable de l’éducation sexuelle dans le canton de Fribourg, «on ne doit pas parler d’homosexualité comme d’un thème à part. Elle fait pleinement partie de la vie sexuelle et amoureuse!» Elle travaille depuis quarante ans dans ce domaine et raconte qu’«à l’époque, pour parler d’homosexualité, on disait «la chose». C’était considéré comme un phénomène contre-nature. L’arrivée du SIDA a permis de briser le silence». Christine Noyer a d’ailleurs à cœur de parler ouvertement avec les élèves, dont «certains parents m’ont dit qu’ils vivaient en couple avec quelqu’un du même sexe». En quarante ans, une chose n’a pas changé: les enfants demandent toujours d’où vient l’homosexualité et pourquoi on est homosexuel. «Je leur réponds qu’on ne choisit pas forcément mais que c’est normal d’être amoureux. L’amour est respectable et faire l’amour, ça ne se résume pas à un pénis dans un vagin!»

Pro Familia 1972-1974, morceaux choisis

Comment, il y a quarante ans, imaginait-on la manière d’aborder la diversité sexuelle dans les écoles? Verbatim.

«Les adolescents s’intéressent très peu aux perversions sexuelles; les rares questions les concernant paraissent presque toujours amenées par une influence extérieure, en général la confrontation avec une brochure pornographique. Il faut toutefois réserver à l’homosexualité une place à part, puisqu’elle provoque bien des questions et suscite un intérêt tout particulier. (…) L’un des aspects du problème réside précisément là: ce qui les effraie, dégoûte et peut-être parfois paralyse certains dans leur évolution, c’est l’idée qu’ils sont en train de devenir la caricaturale “ tapette ”, efféminée, minaudière et fardée». «Quant à la fréquence d’actes homosexuels tels que masturbation mutuelle chez les adolescents, il est difficile de l’estimer. Dans les classes, l’évocation de ces pratiques suscite régulièrement un certain nombre de sourires rêveurs…»

«Il semble que les garçons sachent assez bien qu’on ne naît pas homosexuel, mais qu’on le devient le cas échéant. Ils expliquent souvent l’homosexualité par des erreurs éducatives, qu’ils font remonter à l’adolescence plus souvent qu’à la petite enfance». «Après bien d’autres, je me demande si l’homosexualité n’est pas encouragée par la défense faite aux adolescents de vivre le coït hétérosexuel. Car l’interdiction des relations hétérosexuelles donne, à ma connaissance assez souvent, le résultat suivant: l’adolescent en pleine poussée pubertaire apaise ses tensions dans une relation homosexuelle, ressentie comme moi “ coupable ” que la relation hétérosexuelle.

«Il semble, à travers ces questions, que ces filles ne se sentent pas directement concernées par l’homosexualité, contrairement aux garçons qui manifestent souvent un très vif intérêt pour le sujet, se sentant personnellement impliqués. (…) L’attachement exclusif pour une amie, un professeur féminin, etc., avec son cortège plus ou moins complet d’exaltation et de jalousie, si fréquent à cet âge, n’est pas ressenti comme une menace d’homosexualité par les jeunes filles elles-mêmes.»

3 thoughts on “40 ans d’éducation sexuelle

  1. Dans un cours d’éducation sexuelle que j’ai eu il y a dix ans (j’avais 12 ans et je commençais à comprendre que j’étais homo), la question de l’homosexualité a été « traitée ». La femme qui nous donnait le cours nous a expliqué que c’était possible à notre âge qu’on ait des attirances pour les gens du même sexe, car on a peur au début de la puberté d’aller voir ailleurs. Donc il ne fallait pas s’inquiéter!!! Je sais pas si c’est le cas des hétéros, dans tous les cas, elle les a rassuré. Je trouve ça honteux pour ceux comme moi qui était vraiment gay. Même si je me suis dit durant quelques mois qu’elle avait raison et que j’allais devenir hétéro. C’était pas y’a 50 ans, c’était il y a juste 10 ans, bon certes en Valais, mais quand-même.

  2. Effectivement, il y a encore dix ans c’était pas triste ! Je me rappelle d’une intervenante glaciale qui nous a parlé d’homosexualité en terme assez neutre mais pas précisement encourageant ; franchement, ça avait l’air de l’ennuyer d’en parler. Le plus drôle c’est qu’au moment de parler des pratiques (homo-)sexuelles, elle a enoncé les pratiques habituelles et « d’autres choses dont je ne vais pas vous parler ». J’aurais bien aimé qu’elle en dise plus, parce qu’au jour d’aujourd’hui, je ne sais toujours pas de quoi elle parlait…

  3. Je peux dire que j’ai sans doute bénéficié des premiers cours à Genève. Je savais que j’étais gay depuis l’age de 8 ans mon premier baiser avec un garçon de mon age! mais je ne me souviens même pas qu’on en ait parler en 1970!

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