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Le sida à l’heure des comptes

Du 25 au 28 mars se tenait à Genève la 6e Conférence francophone sur le VIH/sida. Dans un contexte de raréfaction des fonds, le coût de l'événement a soulevé certaines questions.

Genève, 28 mars 2012. Les portes de la 6e conférence francophone sur le VIH/ SIDA se referment. Pendant quatre jours le Centre international de conférence (CICG) du quartier des Nations a accueilli le gratin francophone de la lutte contre la maladie. Médecins, groupes pharmaceutiques, ONG, etc., ils ont été 1’200 participants au total – dont 360 en provenance de pays du sud – à répondre présents à l’invitation de l’Alliance Francophone des acteurs de santé contre le VIH (AFRAVIH). Des rencontres qui ont accouché de 1’390 résumés dont 618 ont été acceptés.

Comme lors de chaque rendez-vous du genre, de nombreuses recommandations sont issues des rencontres. Toutes semblent tirer sur la même sonnette d’alarme. Celle du financement. Car il faut dire qu’en sus d’une période de crise budgétaire des Etats, le traumatisme des détournements de fonds et de corruption – révélé l’an dernier au sein du Fond mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme – est encore dans tous les esprits. Dans ce contexte, Médecins sans Frontières a rappelé la fragilité des progrès obtenus suite à la récente décision du Fonds d’annuler son onzième round de financement. Unitaid a émis pour sa part trois recommandations pour pallier notamment le risque d’assèchement des budgets. Cet organisme chargé de centraliser l’achat des médicaments pour obtenir les meilleurs prix préconise la mise en oeuvre de moyens novateurs de financement en instaurant par exemple une taxe sur les transactions financières. Unitaid, qui est financé par une taxe sur les billets d’avion, demande également aux gouvernements de s’assurer que les accords de libre-échange ne comportent pas de clauses renforçant les brevets. Enfin, et le message s’adresse là encore une fois aux pharmas, Unitaid demande d’optimiser et de simplifier les traitements. En 2009, selon le rapport mondial 2010 de l’ONUSIDA : «15,9 milliards de dollars US ont été mis à disposition de la riposte à la maladie, montant auquel il manquait 10 milliards pour couvrir les besoins en 2010.»

Conférences à outrance
A ce stade, il me semble important de poser une question. Alors que l’argent manque, est-ce bien raisonnable de multiplier ces conférences parfois coûteuses? Car il y en a pléthore de ces rencontres. Il y a la francophone bien sûr. Puis il y a l’européenne. Il y a la conférence mondiale. Évidemment. Puis il y a une série de rencontres régionales comme celles pour la zone australasie, celle des Balkans, etc.

Prenons celle qui a occupé la cité de Calvin au mois de mars. Si les organisateurs ne semblent pas disposés à nous révéler le montant du budget de la conférence (à l’heure de mettre sous presse nos questions à ce sujet restent sans réponse), il n’en reste pas moins que la participation à l’événement s’avère dispendieuse. Chacun des 1’200 participants a dû débourser 300 euros pour prendre part à la conférence. Pour tenir un stand, il fallait débourser au prix associatif la coquette somme de 350 euros le mètre carré. Si ces chiffres semblent dérisoires par rapport aux besoins colossaux de financement de la lutte contre la maladie, il n’en reste pas moins que cet investissement reste une charge importante pour les acteurs locaux. Le groupe SIDA Genève, PVA Genève (Personnes vivants avec le VIH/ SIDA et leurs proches) ainsi que la fondation SID’Action Lausanne ont mis la main à la poche pour s’offrir 18m2. «C’est un montant important mais nous avons fait l’effort d’être présent et d’être visibles», nous confie Herminio Carro président de PVA.

Même son de cloche du côté du Groupe sida Genève, qui a dû faire des recherches de fonds pour financer sa participation. Un prix raisonnable pour Alexandra Calmy, co-présidente de la 6e rencontre d’AFRAVIH: «Nous ne faisons pas de bénéfice sur cet événement. De plus, nous avons fait beaucoup d’efforts pour créer 200 bourses afin de permettre à des gens du sud de faire le déplacement tous frais compris.» Sans avancer de chiffre on reconnaît néanmoins du côté de JCD Conseil – l’entreprise mandatée pour l’organisation de la rencontre – que la conférence de Genève s’est révélée hors de prix. «Bien que le CICG a gracieusement été mis à notre disposition par la Confédération, à Genève, dès qu’on allume la lumière les prix explosent», selon Evelyne Corbery, attachée de direction chez ce spécialiste du tourisme d’affaire.

Optimisation vs. culture
Un des objectifs de cette conférence francophone est bien sûr de pouvoir faire participer des pays du sud durement touchés par la pandémie et parlant français. Nous pouvons toutefois nous demander s’il ne serait pas plus simple et plus efficace de traduire les travaux de la conférence mondiale en français. Pas sûr. C’est en tout cas l’avis de David Perrot, directeur du Groupe sida Genève : «Il y a un intérêt à réunir des gens qui fonctionnent culturellement de la même façon. C’est une valeur ajoutée.» Les éléments financiers semblent également trouver leur compte dans cette formule. «Si nous devons envoyer une personne à une conférence mondiale on doit compter 4’000 ou 5’000 francs. Pour une conférence francophone on dépense deux fois moins», ajoute David Perrot. Pour Alexandra Calmy cette rencontre a également un autre objectif: attirer directement l’attention de la communauté francophone – moins prolifique que les américains – sur la nécessité de continuer, voire d’accroître, les financements de la recherche clinique et fondamentale dans ce domaine. Rappelons-le, selon les chiffres du rapport mondial 2010 d’ONUSIDA, en 2009, 33,3 millions de personnes vivaient avec le VIH dont 4,1 millions de francophones.