Pas d'argent public pour la santé des gays, réclame l'UDC
L'ouverture de trois nouveaux centres «Checkpoint» destinées aux homosexuels agace le parti populiste, qui s'oppose à leur financement par la Confédération.
Après les «Checkpoints» de Genève, ouvert en 2005, et de Zurich, trois structures de santé destinées aux hommes gay devraient voir le jour à Berne, Bâle et Lausanne, a récemment annoncé l’Office fédéral de la santé publique. C’est à Lausanne que le projet semble le plus avancé, au point que l’ouverture d’un «Checkpoint» y avait déjà été annoncée pour 2010. Toutefois, il bute encore sur le «choix de partenaires appropriés», selon l’ancien président de Vogay Steven Derendinger cité par «Le Matin».
Ce réseau, explique l’OFSP, répond aux conclusions d’études qui signalent une «détérioration de la situation sanitaire au sein de cette population». Outre des tests du VIH et des infections sexuellement transmissibles, ces centres offriront une palette de services élargie, allant du suivi des personnes séropositives et de leur partenaire à un groupe de soutien par et pour les jeunes gays.
Comme on pouvait s’y attendre, l’utilisation des deniers publics à la création de centres de santé pour les gays a déclenché un flots de commentaires douteux sur les sites des journaux qui relayaient l’information. «Prévoiront-ils une pièce pour partouzes dans ces centres?», s’interroge ainsi un internaute sur le celui du «Matin».
«Pourquoi ne vont-ils pas chez le médecin?»
Naturellement, l’UDC s’est également offusquée de l’enveloppe fédérale prévue pour ces centres – actuellement à 250 000 fr. par an. «De tels établissements doivent être financés par le privé», estime le député Toni Bortoluzzi dans le «Tages-Anzeiger». Selon lui, «d’autres groupes auraient aussi besoin d’argent – mais ils s’organisent en groupe d’aide mutuelle.» Autrement dit, pour l’UDC, l’Etat n’a pas à se mêler des bobos de telle ou telle communauté. Le premier parti de Suisse est très à l’aise dans ce registre: il a régulièrement attaqué le financement public d’organisations telles que l’Aide suisse contre le sida. Et la conseillère nationale UDC Yvette Estermann d’enfoncer le clou en demandant «Pourquoi les homosexuels ne peuvent-ils pas simplement aller chez le médecin?»
Pour la députée écologiste Katharina Prelicz-Huber, qui a contribué à la mise sur pied du «Checkpoint» zurichois, il est clairement «impensable» pour nombre de gays de consulter leur médecin de famille pour certaines questions de santé. «Les hommes homosexuels ont des besoins spécifiques. C’est pourquoi il leur faut une prise en charge spécifique», renchérit le conseiller national PDC et spécialiste de la médecine préventive Felix Gutzwiller.
Le soutien de la Confédération, il est indispensable «au démarrage» de ces centres, plaide Gutzwiller. A l’avenir, leurs coûts seraient pris en charge par les cantons, les villes et les caisses maladie. A ce sujet, Roger Staub, directeur de la section prévention et promotion de la santé à l’OFSP, rappelle toutefois que la gestion des maladies épidémiques, dont le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles, sont du ressort de la Confédération.