10 ans requis contre le meurtrier d'un gay de 81 ans
Le procès d'un jeune Tessinois s'est achevé vendredi à Lugano. En 2009, il avait tabassé à mort un octogénaire qui lui avait fait des avances sur une aire d'autoroute.
Le drame avait secoué le Tessin à l’été 2009. Au soir du 22 août, un homme de 81 ans avait été grièvement blessé sur une aire d’autoroute du canton connue comme un lieu de drague homosexuelle. Il était décédé à l’hôpital, quelques heures plus tard. Il avait ensuite fallu neuf mois à la police pour arrêter l’auteur de l’agression: un jeune homme alors âgé de 25 ans, qui a reconnu les faits. Le procès de Daniel B. est arrivé à son épilogue, hier, avec le réquisitoire du procureur. Celui-ci a requis 10 ans de prison contre «une personne qui a montré qu’elle savait mépriser la vie humaine», rapporte le site Ticinonline. Le profil et les antécédents du jeune homme ont pesé lourd. Celui qui se décrivait lui-même sur un réseau social comme «un froid calculateur, narcissique, égocentrique, arriviste» qui se «fiche du sort des autres». Passionné par le nazisme et «militariste convaincu», il avait notamment exprimé son mépris des homosexuels en 2005, lors de la campagne sur le partenariat enregistré, dans un courrier à un quotidien local.
Homosexualité latente
S’appuyant sur le rapports de l’expert psychiatre, le représentant du Ministère public a noté que le «narcicissisme» de Daniel B. «ne lui permettait pas d’accepter son homosexualité latente.» Bien que l’accusé ait admis s’être rendu dans des saunas par le passé, impossible de savoir si c’est cette «homosexualité latente» qui a poussé le jeune homme à prendre s’arrêter sur l’aire de repos, ce soir d’août 2009. Daniel B. a affirmé qu’il voulait juste se rendre aux toilettes. Or, il avait stationné sa voiture loin des WC, alors que le parking était presque vide.
Le déroulement des faits reste trouble. Daniel B. en a livré plusieurs versions contradictoires. Dans tous les cas, l’aîné lui aurait fait des avances. Econduit une première fois, il serait revenu à la charge quelques minutes plus tard, en touchant les parties génitales de Daniel B. C’est là que le prévenu aurait frappé l’octogénaire – sans se rendre compte de son âge. C’est un ami de la victime, qui l’avait accompagnée sur l’aire d’autoroute, qui l’a découverte inanimée sur le parking, et a appelé les secours. Quant à Daniel B., il avait déjà repris l’autoroute pour rejoindre un copain dans une discothèque.
Selon le médecin-légiste, la victime est morte des suites d’un coup de pied dans l’abdomen. Il aurait aussi été touché par des jets de pierre et présentait des ecchymoses au visages.
Harcèlement
La Défense a fait valoir que le cas relevait d’un «excès de légitime défense», prétendant que la victime avait l’habitude de harceler physiquement les hommes sur les lieux de drague. L’avocat de Daniel B. a demandé trois ans de prison avec un sursis partiel. Le procureur, lui, a relevé que l’accusé souffrait manifestement de «troubles de la personnalité» et qu’il avait agi sans intention de donner la mort. Le verdict est attendu pour lundi.