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Trans de vie: cinq témoignages pour un même combat

Trans de vie: cinq témoignages pour un même combat

Avec l'avènement d'une association faîtière trans, nous vous proposons de découvrir le parcours de cinq personnes qui nous ont fait part des épreuves qu’elles ont traversées et de leur combat pour la reconnaissance de leurs droits.

Depuis le mois d’août 2010, la communauté trans helvétique – qui regroupe sous la même bannière les personnes « transgenres, transsexuelles, transidentitaires mais aussi tous ceux qui ne peuvent s’identifier au genre qui leur a été attribué à la naissance » – a sa propre association faîtière. Pour les membres de Transgender Network Switzerland (TGNS), il était impératif d’intensifier le lobbying politique afin de venir à bout des nombreuses injustices dont cette population fait encore l’objet. Parmi les revendications principales, TGNS entend inscrire la protection des personnes transgenres dans les constitutions fédérale et cantonales, ce qui n’est, à l’heure actuelle, le cas d’aucun texte en vigueur. Il s’agit donc de sortir des formules vagues qui font référence « au genre ou au style de vie » en précisant la nécessité de lutter contre les discriminations liées à « l’identité et l’expression de genre », ainsi qu’à l’orientation sexuelle.

Combat pour le respect de l’intégrité
Elle veut également mettre fin à l’obligation de de se soumettre à une stérilisation chirurgicale en vue de l’obtention d’un changement d’état civil. Les personnes trans constituent en effet la dernière population en Suisse à y être encore soumise. Cette mesure est considérée comme une négation du droit au respect de l’intégrité physique des personnes, inscrit dans les constitutions cantonales et fédérales. Sans la reconnaissance officielle des nouveaux genre et prénom, ces personnes sont exposées, dans leur vie quotidienne, à d’innombrables problèmes administratifs, comme pour « prendre un avion, postuler pour un travail ou un appartement, ou encore utiliser leur carte de crédit sans devoir exposer leur intimité sur la place publique ». La récente décision de la Cour suprême de Zurich qui a accordé à une transsexuelle un changement d’état civil en jugeant suffisants les traitements hormonaux anti-androgènes est à ce titre un motif de satisfaction même si la route risque d’être encore longue avant que cet arrêté ne fasse jurisprudence dans toute la Suisse.

Pour Alicia Parel, co-présidente de TGNS, il est aussi essentiel de faire reconnaître « que l’on est trans depuis l’enfance et non pas à l’âge adulte ». Un travail d’information auprès des parents et dans les écoles s’avère donc selon elle absolument nécessaire. « Les lois d’exception qui désignent à la vindicte populaire les personnes LGBT et font d’elles des citoyens de second ordre, comme c’est notamment le cas avec le partenariat enregistré, démontrent que nous sommes dans un Etat de non-droit », ajoute-t-elle. Afin de mieux illustrer les problèmes que peuvent rencontrer les trans, voici les récits de vie de cinq personnes, dont trois membres de TGNS et deux du groupe trans de 360.

NIELS
Cet étudiant en histoire contemporaine à l’Université de Fribourg s’exprime avec une sérénité déconcertante. La maturité affichée ferait vite oublier ses 21 ans. Le jeune Jurassien a commencé à ne plus se sentir à sa place à 14 ans, lorsque la puberté a débuté. Avec un corps en pleine mutation qu’il ne supporte plus et qui le confronte à une assignation de genre qu’il vit comme une agression. 
Mais ce n’est que deux ans plus tard que les choses se précisent. Il consulte alors une psychologue, espérant que cette dernière l’aiderait sur le chemin qui l’attendait, mais l’expérience se révèle être « une vraie catastrophe ». Une première désillusion vis-à-vis du monde médical qui sera rapidement suivie de nombreuses autres. Et ce ne sont pas les rares documentaires sur les parcours de vie trans qui l’aideront à se forger une image positive à travers « les pires exemples que l’on puisse trouver » qui y sont exposés. 
Le soutien dont il avait besoin, il le trouve auprès de la Fondation Agnodice à Lausanne. Celle-ci lui a permis d’entrer en contact avec des professionnels sensibles à la problématique trans. Aujourd’hui, le jeune homme est bien armé et fait toujours en sorte que les démarches qu’il entreprend se passent de la meilleure des manières, notamment grâce à l’appui d’un avocat. Son parcours n’est pour autant pas exempt d’embûches. La faute à une grande dépendance au système de protocole auquel sont soumis les trans. « Si certaines personnes te rejettent, ta vie n’en dépend en principe pas. Alors qu’avec le protocole, ta vie ne t’appartient plus », souligne-t-il. Son habillement, son attitude, tout passe au crible de l’évaluation. Avec la volonté plus ou moins affichée de le faire correspondre aux clichés liés à l’identité masculine. Pour pouvoir recourir à une mastectomie, il doit même dissimuler son refus de subir d’autres opérations chirurgicales.

Ces lourdes exigences qui l’ont selon lui poussé au « mensonge » lui ont causé du tort. Aujourd’hui, il effectue un travail sur lui-même pour ne plus autant se méfier des autres et s’ouvrir d’avantage. Des difficultés « pas dramatiques mais bien présentes ». Avec sa liberté retrouvée, il se sent cependant « plus confiant, posé, clair ». Que ce soit à l’uni, dans le milieu LGBT ou dans la société en général, il vit très bien son identité trans. Une identité qu’il continue à revendiquer car c’est avant tout pour « sauver sa vie » et non pas pour « devenir un mec » qu’il a décidé d’opérer sa transition.

ALICIA
Elle rayonne sous le soleil bernois. Il faut dire qu’elle a revêtu ses habits « chic et charme », comme le dit cette neuchâteloise de 40 ans avec un sourire aux lèvres. Un sourire dont elle ne se départit pas lorsqu’elle parle de son parcours, même en évoquant ses phases les plus sombres. 
Dès l’âge de 5 ans, elle a senti qu’elle avait « physiquement quelque chose en trop ». Mais il lui était encore facile de s’entourer également de filles et d’avoir les mêmes activités qu’elles car, « au jardin d’enfant ou à l’école primaire, les rôles sociaux garçons-filles sont très perméables ».

Rapidement, on lui a toutefois fait comprendre qu’il n’était pas bien vu de sortir du cadre propre à son genre biologique. Les rires et la gêne de sa famille lorsque, un matin, elle descend déguisée en princesse pour le petit-déjeuner ne laissèrent aucun doute planer sur la question. Elle décida alors de se conformer aux attentes parce que les changements physiques engendrés par la puberté ne lui permettent plus d’exprimer publiquement son identité ressentie. « Privée de corps, comment faire admettre à tout un chacun que l’on est une fille ou un garçon ? », demande-t-elle.

Les premières réponses à ses questionnements identitaires, elle les a eues il y a 11 ans en surfant sur la Toile. Elle cherche à démarrer une transition mais se trouve stoppée dans ses envies par un psychiatre qui en définitive lui propose une thérapie de conversion. Elle est également mal informée et persuadée que les interventions chirurgicales seront à sa charge, ne voyant que la prostitution comme seul avenir possible. C’en est suivi une période de déni durant laquelle elle a effacé de sa mémoire tout un ensemble de souvenirs. La rencontre avec la femme qu’Alicia a ensuite épousée et la naissance de deux enfants confortent cette dernière dans la justesse du diagnostic du médecin.

Sept années plus tard, devant un reportage télévisé, elle réalise que l’on peut à la fois être père et trans. Elle décide donc de faire un second coming out auprès de ses amis à qui elle avait déjà fait part de sa différence. Ses derniers lui demandent « comment elle a fait pour survivre si longtemps » dans cette situation. Sa famille et sa femme se sont quant à eux montrées bien plus réticents. Ses enfants, grâce aux multiples explications du couple, ont bien compris ce que cela impliquait d’être « un garçon-fille ». Même si l’aîné de six ans commence aujourd’hui à prendre conscience des possibles regards négatifs.

Dans son milieu professionnel, les réactions ont été plus contrastées. Si les gens se sont progressivement habitués, elle estime que le problème principal, désormais, a trait au fait qu’elle est « une belle femme, sexy ». Ce qui peut générer chez ses collègues féminines de la jalousie et, auprès de la gent masculine, un certain trouble. En outre, la représentante de commerce a constaté une claire rétrogradation de ses conditions de travail, tant au niveau de sa rémunération que de son statut professionnel. Une situation qu’elle attribue d’avantage à sa condition de femme que de trans.

Face aux injustices dont elle a été l’objet, elle éprouve une vive colère. Un sentiment qui l’a poussée à s’engager dans la militance. Plus que les groupes de parole qui étaient jusqu’alors proposés, elle veut investir le terrain politique. Un combat qui paie car, trois jours plus tôt, elle obtenu officiellement le droit de changer de prénom. « Mais je suis maintenant identifiée comme Monsieur Alicia », explique-t-elle avant d’ajouter ironiquement que « l’administration n’est vraiment pas à une contradiction près ».

ALECS
Il a l’habitude de parler en public et cela se voit. Ce Zurichois de 35 ans est en effet conseiller municipal depuis plus de sept ans. Dès son plus jeune âge, celui qui est également juriste a conscience qu’il est médicalement possible de faire coincider genre et identité. Mais ce sont les années 80 et l’on ne parle pas de la problématique trans en Suisse.

Parce qu’il ne peut pas encore se lancer dans une transition, il met ensuite cette question de côté pendant plus d’une décennie et commence une vie de lesbienne. Durant cette période, il fréquente avec assiduité les milieux queer et drag king qui le font entrer en contact avec des personnes suivant des traitements hormonaux. Ces exemples vivants l’ont aidé à franchir le pas il y a plus ou moins quatre ans, avec une excellente connaissance du sujet qui lui permet de se prémunir contre les difficultés.

Une fois le choix arrêté, il a tenu à mettre au courant son entourage proche. Tant sa famille et ses amis l’ont pleinement soutenu sa décision. Certains sont même soulagés qu’il aborde enfin le sujet de front. En tant que personnalité politique, il se doit alors d’orchestrer un coming out public. Il le fera dans un hebdomadaire suisse alémanique de gauche qui traita le sujet « sans sensationnalisme et de manière respectueuse ». Ce qui n’est pas le cas de tous les journalistes.

En regardant dans le rétroviseur, il estime que son parcours n’est pas représentatif car il n’a au fond pas été confronté au destin souvent tortueux de nombreux trans. Raison pour laquelle, fort de ses compétences juridiques et de son expérience, il entend s’engager pour ceux qui ont moins de chance. Mais il doit parfois également se battre pour lui-même. Contre son université, notamment, qui compte afficher sur son diplôme son ancien prénom.

AUDREY
A 35 ans, Audrey travaille chez Ochsner Sport. On l’a engagée comme un homme mal dans sa peau, on l’emploie désormais comme une femme bien dans ses baskets roses. « J’ai fais mon coming out au boulot il y a six mois et je viens d’entamer le processus de ma transformation physique. Mon patron est un boss formidable, il juge les gens sur leurs compétences, pas sur leurs apparences. » 
Audrey a été emmurée vivante dans un corps de garçon pendant plus de 23 ans. Maintenant elle respire. « Avant, j’étais une tête de mule que personne ne pouvait bouger contre sa volonté. Là, je suis un cheval au galop impatient d’être une épouse et, pourquoi pas, une maman. C’est un peu cliché mais j’assume. »

Quand Audrey évoque le passé, elle repense à son premier traumatisme lorsqu’une enseignante l’a forcée à faire pipi dans un urinoir. « Un acte d’une violence inouïe. ». Ensuite son existence ressemble à un long voyage dans un tunnel obscure. Audrey est alors un zombie qui n’apparaît sur presque aucune photo de famille. Elle se veut transparente. Mais, à l’inverse, sa peur d’être traitée de folle, la pousse à l’excellence : lors de son apprentissage en pâtisserie ou au service militaire sous le drapeau français, elle cherche à être la meilleure. Vu de l’extérieur, elle donne le change. Vue de l’intérieur, c’est un désastre. Elle se ressent comme un bloc de glace imperméable aux autres. Elle maltraite son enveloppe charnelle puisqu’elle s’en fiche. Après une période de boulimie alimentaire qui indique 110 kilos sur la balance, elle se prend de passion pour le vélo. Un sport pratiqué dans la démesure puisqu’elle avale chaque jour des kilomètres et des kilomètres, seule manière de s’occuper l’esprit en regardant droit devant. « La douleur physique apaisait la douleur psychique. » 
Mais ce n’est pas une vie de pédaler sans but, d’être aussi seule, repliée sur soi, incapable même d’oser prendre un verre dans un bar. Il y a de quoi vouloir en finir. Et puis non, Audrey s’est accrochée. Elle est restée en selle pour prendre son destin en main, plus question de se déguiser en homme pour travailler ou pour sortir en ville avec sa mère et sa sœur qui ont compris sa détresse ancienne. Et c’est une femme libérée qui roule désormais fièrement sur sa nouvelle bicyclette bleue comme un ciel printanier.

ETHAN
Ethan, 32 ans, est un homme heureux. Cela se voit au large sourire qu’il affiche en évoquant le nom de Nadine, l’amour de sa vie. Bientôt, il l’épousera et ils auront beaucoup d’enfants. Enfin, un ou deux. Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Sauf que pour Ethan l’existence n’a pas commencé comme un conte de fées. Car le mauvais sort a décidé qu’il naîtrait fille.

Du plus loin qu’il s’en souvienne, à l’âge de cinq ans, Ethan se rappelle avoir dit à sa maman : « Moi, je suis un garçon ». Une phrase apparemment anodine de la part d’une gamine qui n’aimait pas porter des robes. L’enfance se passe avant que l’adolescence des premiers émois ne vienne raviver un mal être abyssal. Pas bien avec les copains, pas bien avec les copines, pas bien dans ce corps qui n’est pas le sien, Ethan porte alors des vêtements masculins en imaginant que c’est l’habit qui fait le moine. Un soir, devant son miroir, il se dessine un boque. Son reflet lui plaît. Mais comment maquiller les apparences quand on est rongé de l’intérieur ? 
« C’est vers 26 ans que j’ai décidé de changer de genre avec l’aval d’un psychiatre. Ma renaissance a duré des années, c’est un processus long mais aujourd’hui j’attends les papiers qui attesteront enfin de ma nouvelle identité. Celle qui me permettra de vivre pleinement ma vie d’hétéro auprès de Nadine. » Désormais Ethan essaye d’être « un homme droit, honnête et loyal. » Il n’oublie pas ses souffrances passées, les gens qui le regardaient comme une bête de foire, les amis qui lui ont tourné le dos, les médecins incompétents et les docteurs compréhensifs. Sa force lui a permis de tenir le coup, son humour l’a sauvé des pires situations, sa sensibilité lui donne une qualité d’écoute hors du commun. Les femmes recherchent sa présence apaisante, sans doute parce qu’il connaît les deux facettes du miroir. Et pour sa mère qui l’a toujours soutenu, son fils unique est le plus beau du quartier. Autant dire qu’Ethan ne regrette rien. Pour lui, sa transition « s’est super plutôt bien déroulée. »

One thought on “Trans de vie: cinq témoignages pour un même combat

  1. tu di et je cite les amis qui lui on tournée le dos,maistu oublie de dire avec que c est toi qui a tourné.e le dos a tes amis et que tu moi en tout bien crossser de presque 350.00 dollard canadien, homme droit honnete et loyal non je ne croit pas sa,tes mensonges tu peut les faires entendre a qui tu veut,mais toi et moi savons se qu en est vraiment la vrais veritée,tute sert des autres et tu te fous carrements de la marde que tu laisse sur le chemin,un jours se que tu a fait,te sera rendu en double, meme en te sauvant ton passée de voleuse refera surface……………

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