Genève
#Cinéma

Black Movie

ven 17 janvier - dim 26 janvier
Lausanne

Oscar and the Wolf

dim 16 février, 19:00
Lausanne
#ballroom

Voguing et Kiki Lounge @Samedis de Sévelin

sam 25 janvier, 10:00
Lausanne

Thé Dansant de la Sans-Valentin

dim 23 février, 15:00

Sexe, réalisme et video-on-demand

Avec I want your love, actuellement en cours de production, Travis Mathews, réalisateur américain indépendant, explore la sexualité entre hommes dans le plus pur style indie.

La rencontre entre le cinéma hollywoodien et l’industrie du porno, après la valse hésitation qu’avait déclenchée l’inattendue ruée sur Gorge profonde, va-t-elle être enfin célébrée? C’est en tout cas l’avis de Travis Mathews, qui constate l’émergence d’une tendance allant dans ce sens. Tout comme James Cameron Mitchell, à l’origine du Shortbus qui avait choqué la bourgeoise cannoise lors du Festival de 2006, ce dernier travaille actuellement sur un film dans lequel figurent des scènes de sexe non simulé. Un extrait de son projet est d’ores et déjà disponible sur Naked Sword, un site de porno gay. Celui-ci tenait, après avoir visionné sa série de mini-documentaires In their Room mêlant «l’introspection mélancolique à la sensualité ludique» de huit lecteurs du magazine artycul Butt, à produire son travail. Lorsqu’on lui demande si cette collaboration se révèle contraignante artistiquement parlant, il affirme au contraire qu’elle lui permet une bien plus grande liberté qu’avec n’importe quelle boîte de production «traditionnelle».

Brouiller les frontières
Internet constituerait-il alors l’eldorado des œuvres désireuses de chahuter la culture cinématographique mainstream? «C’est bien plutôt une nécessité», argue celui qui s’inscrit dans le courant mumblcore, version ricaine et édulcorée de feu le Dogme95. Pour I want your love, du titre éponyme des post-punk The Chromatics figurant sur l’excellente bande-son, il combine approches fictionnelle et ethnographique dont il est, selon ses propres dires, «actuellement à la mode de brouiller les frontières».
Alors, si le réalisme à la sauce belge donne plus envie de piquer un roupillon ou de croquer un Lexomil que de bouleverser l’ordre social, le cinéma de Mathews est-il un tue-la-baise? A en juger les premières images, il faut avouer qu’il s’en dégage plutôt une grande sensualité teintée d’émotion. D’autant plus qu’ici, contrairement au bavard Humpday, le cul est autant discuté que pratiqué. Du sexe doublement non simulé, puisqu’il se veut, comme le revendique son auteur, «réel, intime, honnête». Une jolie preuve que la scénarisation ne nuit pas, loin s’en faut, à l’excitation quand les deux dimensions sont intelligemment conjuguées et que la pornographie n’est pas condamnée à se complaire dans les marasmes de l’amateurisme ou de la culture de la zapette.