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Matthieu Paris: Poing capital

Rencontré en marge du premier Porn film festival de Paris, en octobre dernier, la star frenchie du fist jongle entre tournages glamour et robinetterie défaillante. Portrait.

Pendant les premières minutes de la rencontre, Matthieu Paris fixe mes mains: «les mains sont un condensé d’érotisme absolu pour moi.» Difficile de garder son sang froid face au «petit prince du fist» comme on l’appelle sur les plateaux du porno gay américain ou allemand. Et il prouve encore dans No Way de Julien Eiffel toute l’élasticité de son talent. Pourtant, ce qui trouble dès les premiers échanges, c’est la gentillesse de l’étalon – même s’il fait partie, avec Fred Faurtin et François Sagat, des poulains frenchies les plus prisés des écuries du porno. Il parle d’une voix douce et presque timide, qui contraste avec sa carrure et le tatouage qui court le long de son avant-bras. «C’est ma date de naissance en chiffres romains. Je trouvais cela esthétique et en plus, il me sert de règle lorsque je tourne une scène», dit-il presque en rougissant, avant de plonger les lèvres dans la mousse de sa bière.

Grimaces calculées
Comme une revanche sur son origine provinciale, il choisit le nom de la capitale en débutant presque par hasard avec le très soft Paris chambre close. Puis il y a le déclic, avec un premier film de fist, 2 en 1, qui révèle cet acteur typiquement français au public international. «Nous paraissons exotiques face à des stars aux corps caricaturaux et aux grimaces de jouissances trop calculées», raconte l’acteur, qui prend un malin plaisir à glisser quelques mots français entre deux râles scénarisés.
Matthieu avoue ne posséder aucun film érotique chez lui – hormis la bonne trentaine à son palmarès qu’il dit regarder «par petits morceaux»… en baisant. «Je fais complètement abstraction de mon image. Je ne suis pas devant un miroir.» S’il se définit comme «mauvais comédien», il aime parler de sa «marque de fabrique»: son goût de l’improvisation avec des objets insolites (un petit tabouret qui lui a inspiré quelques positions originales…) ou d’autres prouesses, comme cette scène de *No way* tournée dans l’escalier de son immeuble, menotté a la rambarde à l’heure où ses voisins rentrent du boulot. Les yeux pétillants, il évoque quelques moments mythiques dans sa carrière, avec le «Gérard Depardieu» du porno (le François Sagat) ou encore «le pied total» dans des décors grandioses de Mirage et Arabian fist à Palm Springs.

Ménages et robinetterie
Mais loin des cocotiers, des cabriolets rutilants et des piscines à bulles, il y a la vraie vie. «Avec l’arrivée du téléchargement de films sur le net, même les grosses productions sont victimes de la crise financière.» En plus, explique Matthieu, même dans le porno gay les acteurs masculins restent moins bien payés que leurs homologues à fortes poitrines, forçant les acteurs à se prêter à des shootings photo, guest appearances en boîte, séances dédicaces et autres ménages…
Matthieu n’est pas dupe: «Le porno doit rester un plaisir, et les revenus liés au tournage représentent plus un argent de poche pour moi qu’un salaire régulier.» En attendant, il préfère assurer son avenir avec un cruising bar qu’il a ouvert dans la capitale, mais aussi en troquant régulièrement le cockring pour sa bonne vieille salopette d’installateur sanitaire. Car la star des studios Raging Stallion est aussi un as de la robinetterie, et replonge volontiers les mains dans les tuyaux métalliques. Et tant pis s’il n’y a que dans les films que le beau plombier perd sa combinaison avant même d’avoir ouvert sa boîte à outils…
www.matthieuparis.com

Photo : Eric Derichemont