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Anita Wildermuth : Vibrante libertaire

Anita Wildermuth tient à Rapperswil la boutique Femintim, un sex-shop réservé aux femmes et dont les produits ont été soigneusement sélectionnés («tous testés»!). Rencontre avec une femme qui agit, à sa manière, pour la libération sensuelle.

Pour faire connaître ses ustensiles à délices, Anita Wildermuth parcourt le pays en organisant les fameuses réunions fuckerware «chez les copines». Son site femintim.ch n’est pas seulement un catalogue de vente, mais il expose aussi sa philosophie très libertaire: aucune limitation de la liberté individuelle, exploration de son corps et de ses sens, et remarquablement, aucun jugement ni culpabilité. En substance: peu importe ce que tu aimes, découvre-le, pour ensuite guider ton/ta partenaire vers ton plaisir, au lieu d’attendre de l’autre ces pseudo-gestes magiques qu’il/elle s’avère être bien incapable de deviner tout seul… Bien loin du sex-shop glauque, nous nous retrouvons donc dans son antre, en l’occurrence lumineux et accueillant, joyeux et plein d’énergie positive, à l’image de sa personnalité.

Votre liberté actuelle vient-elle de votre éducation, ou est-elle le fruit d’une révolte plus tardive?
Anita Wildermuth – Je dirais que c’est naturel. Je me souviens des joues roses et du grand sourire de ma mère (sans que je sache encore pourquoi). Ils nous ont laissé découvrir les choses naturellement, juste en laissant faire et en distillant du positif et du joyeux.

Comment faire un meilleur apprentissage de la sexualité ?
Le mieux, évidemment, c’est que sentimentalité et sensualité se trouvent liées. Mais chez nous les femmes, c’est instinctivement d’abord les sentiments, les «ah, je t’aime» [elle se pâme…]. Chez les hommes jeunes c’est généralement le contraire: quand il y a tout ici [elle montre…], il n’y a plus rien là-haut. *The man has two heads, it’s a shame that there isn’t enough blood for both of them!* Au delà, c’est d’abord de l’éducation donnée par les parents que peux provenir une bonne harmonie. J’ai discuté récemment avec un ami syrien qui, quand il était enfant assistait au hammam et participait même aux soins que les femmes se prodiguaient entre elles, comme un apprentissage du toucher sensuel et un éloge de la lenteur. Si l’homme sait en général comment jouir à coup sûr, il le fait trop souvent de manière pulsionnelle et non sensuelle, ce qui occulte tout le reste. Cela passe ensuite par une bonne communication : suivant les personnes et les humeurs, si vous touchez deux millimètres à côté, vous n’arriverez jamais à donner quelque chose de bien.

…Et comment peut-on deviner à deux millimètres près?
Vous ne pouvez pas! La seule voie passe par un bon apprentissage de son propre corps et des sensations qu’il peut procurer, apprendre aussi à jouer avec son corps au sens large, par la danse, le yoga, le sport, la sophro, ou en passant me voir! Ici, au magasin, je pousse presque les clientes à essayer les vibros. Je veux qu’elles sortent du magasin en ayant essayé par dessus les habits ce que ça procure comme sensations, et pas seulement en faisant l’essai au creux de la main. Et j’y arrive presque toujours !

Il n’y a pas dix ans, avoir un sex-toy à la maison était la honte, alors que maintenant, c’est presque devenu l’inverse… Et plus aucune couverture de magazine féminin sans un appel du genre: «comment devenir multi-orgasmique», etc.
> Oui mais si vous regardez bien, c’est presque toujours «comment bien faire plaisir à l’homme»… Chez nous, ce sont d’abord les femmes que nous essayons de rendre heureuses et après les hommes!

Ne trouvez-vous pas quand même que ça crée de nouvelles pressions: obligé/es d’être «super-sexe», de «multi-jouir»? Est-ce qu’on ne s’autoriserait plus à passer une soirée érotique sans jouir, à se masser, se caresser, prendre un bain, etc.?
> Oui, mais vous savez bien comment ça se passe, une fois lancées comment résister à l’envie d’aller jusqu’au bout? Je découvre au fil des diverses discussions que les femmes – et c’est peut être un de leurs côtés masculins qui devient mieux assumé – ont envie d’aller jusqu’au bout à chaque fois, et puis que ce soit pas seulement sentimental mais aussi sexuel.

A l’inverse, les hommes qui ont longtemps considéré les préliminaires comme une perte de temps découvrent qu’ils ont accès à bien d’autres plaisirs intenses que celui de l’orgasme…
> C’est aussi une question d’âge: si dans sa jeunesse, l’homme est pulsionnel, il découvre avec l’âge toute la profondeur potentielle de la sexualité en prenant conscience de son corps dans sa globalité. Les femmes aussi, d’ailleurs: j’ai des clientes qui se découvrent à 60 ans, dès lors qu’elles n’ont plus de pression, et du temps à consacrer à elles-mêmes, à se découvrir. J’ai même une cliente qui m’a acheté des trucs pour ses 87 ans, et une autre à qui j’en ai offert un pour ses 91 ans. Pour dire que ça ne s’arrête jamais!