Une stèle en érection
La mort du réalisateur français Jean-Daniel Cadinot, le 23 avril dernier, a suscité une vague de dévotion chez les amateurs de garçons glabres et cambrés.
«Merci l’artiste…», «Adieu mon sauveur…», «S’il existe une personne qui a pu former sur plusieurs générations un grand nombre d’apprentis maîtres enculeurs, c’est bien toi…» Le jour même de la disparition de Jean-Daniel Cadinot, le blog du pornographe était pris d’assaut par des fans internationaux aux allures de pleureuses antiques, replongeant dans la nostalgie de leurs premières masturbations.
Né en 1944, Cadinot avait fondé en 1980 French Art, une boîte de production pionnière dans le film érotique de garçons, et qui reste l’une des références dans la réalisation de scènes à vocation érectile. Le staff y protège jalousement la sphère privée de ses acteurs : pas moyen pour votre modeste serviteur de recueillir l’hommage de Roberto Montana, égérie «émouvante» de la collection Cadinot. Les cerbères de l’œuvre du maître pornographe ne rigolent pas avec l’héritage artistique de ce dernier : « Les films de Cadinot reflètent une expression éphémère qui en dit bien plus long que toute réponse à des questions journalistiques…»
Dimension philosophique
Reste ce fan genevois, fidèle amateur de minets cambrés: «Cadinot donnait une dimension philosophique à ses films. Par exemple, dans L’amour jaloux, il transmet le message que le seul amour réellement fidèle reste l’amour propre», explique Marco, 35 ans, «on trouve dans les films de Cadinot une véritable intrigue et surtout une mise en scène sublimée de nos fantasmes collectifs.» L’œuvre de Cadinot provoque une admiration exaltée chez ses fans de la première heure, voire de nouvelles vocations. À tel point que Marco avait composé un scénario pour le réalisateur: un projet de film qui aurait rassemblé tous ses acteurs fétiches, avec quelques années de plus. Malheureusement, Cadinot a rejoint les éphèbes du paradis avant que la rencontre ne se fasse. L’amour du pectoral glabre et de la cuisse légère lui avait donné le cœur fragile. Sans doute Cadinot est-il en train de redonner un sexe (de préférence érigé), aux petits anges du paradis.