Cancer anal: la vaccination des garçons reste un tabou
Deux études publiées coup sur coup cette semaine prônent la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) chez les jeunes hommes. Le virus est responsable de condylômes et de cancers, surtout parmi les homosexuels.
Autrefois rares, le nombre de cancers anaux augmente régulièrement depuis quelques temps, particulièrement chez les hommes homosexuels. Aux Etats-Unis, on en compte 2% de plus chaque année. En cause: le HPV, ou papillomavirus humain. Il est l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes. Même s’il passe inaperçu chez la plupart des individus, il peut provoquer des verrues (condylômes), voire des tumeurs cancéreuses. Chez les femmes, le HPV est aussi responsable de différents types de cancers utérins. C’est pourquoi, depuis quelques années, on suggère aux jeunes filles – ou plutôt à leurs parents – une vaccination. Rien de tel n’est proposé pour les garçons.
Protection efficace
Or une étude internationale publiée mercredi et portant sur 602 homosexuels de 16 à 26 ans a démontré l’efficacité du vaccin chez les gays. Il protégerait des lésions chez la moitié des hommes déjà infectés, et 77% des sujets séronégatifs au HPV. Dans un rapport publié la veille, un comité fédéral américain recommandait l’extension du vaccin contre le papillomavirus aux garçons et aux jeunes hommes.
A noter que le HPV est également un des principaux suspects dans l’augmentation des cancers de la gorge, peut-être lié à la pratique de plus en plus courante de la fellation chez les ados.
Invitation à la «promiscuité» sexuelle
Pourtant, le vaccin est particulièrement controversé. Il y a d’abord son prix, relativement élevé, et les craintes d’effets secondaires. Mais les critiques relèvent également que les infections découlent de l’activité sexuelle – et singulièrement, pour les garçons, de rapports homosexuels. Difficile, dans de telles circonstances, de proposer un tel traitement aux familles d’adolescents, voire de préadolescents. Car pour être efficace, le vaccin doit être donné avant le début de l’activité sexuelle. Aux Etats-Unis, des personnalités conservatrices sont d’ailleurs déjà montées au créneau contre la vaccination à large échelle – une invitation, selon eux, à la «promiscuité» sexuelle. A ceci, les spécialistes répliquent que la vaccinations de jeunes hommes hétéros peut contribuer à réduire la prévalence du virus chez leurs partenaires féminines.