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Ces homos qui virent leur cuti

Pas facile de gérer une histoire hétéro quand on s'assume en tant que gay ou lesbienne. Et pourtant, manifestement, le coup de foudre, ça existe...

Batifolage nocturne ou tournant décisif, les confessions d’hétérosexuels qui racontent leur expérience avec une personne du même sexe se multiplient. Les langues se délient, les tabous tombent… Mais à l’inverse, la communauté homo semble toujours aussi déconcertée, voire rebutée par ces gays qui osent faire l’inverse: sortir avec quelqu’un du sexe opposé.

Norah, une étudiante de 22 ans à l’université de Lausanne, en a fait les frais. Il y a quatre ans, elle rencontre un mec en soirée. «Je ne cherchais rien, mais on s’est super bien entendus. Je lui annoncé la couleur dès le départ: d’habitude, je ne sors qu’avec des filles.» Un «détail» qui ne décourage pas Vincent, qui continue à la séduire et finit par passer la nuit avec elle. «C’était très décontracté, j’ai apprécié. On s’est dit: si ça marche, tant mieux, sinon tant pis!»

Et ça marche, à merveille. C’est une première pour Norah, qui n’a partagé son lit qu’une fois avec un garçon, quand elle avait seize ans et qu’elle essayait de faire «comme tout le monde»: «une expérience catastrophique» précise-t-elle avec une grimace. Elle qui ne se «retourne jamais, au grand jamais, sur un mec dans la rue» explique son attirance pour Vincent par l’entente intellectuelle qu’elle a avec lui. «Et puis, bon, je dois avouer qu’il était bon amant» glisse-t-elle dans un sourire.

Norah sans Vincent
Le lendemain: Norah a envie de revoir Vincent. Et les soirs se transforment en nuits, des nuits qui se succèdent pendant trois mois. Ses amis la bassinent: «Mais t’es pas homo, toi?» C’est la stupéfaction générale. «Moi, je n’avais pas l’impression que cette histoire changeait quoi que ce soit à mon identité» affirme-t-elle. N’empêche que tout le monde s’étonne d’entendre la «grosse voix» de Vincent et de voir ses blousons en cuir plutôt virils. «Bien sûr, mes amis sont ouverts d’esprit, mais que je change de cap à ce point, c’était trop pour eux» rigole Norah.

Trop pour elle aussi, peut-être. «Pendant ces trois mois, je n’ai pas mis les pieds dans les bars homos que je fréquentais d’habitude. Je ne voulais pas devoir expliquer à tout le monde que oui, c’est un mec, que oui, je suis lesbienne et que oui, il me plaît!» Lui tenir la main dans la rue? «Je me sentais mal à l’aise» confie-t-elle. Hors de question de présenter Vincent à ses parents. «Ils auraient imaginé que ma période homo était révolue, et j’aurais anéanti des années d’efforts!» Vincent a beau être compréhensif, Norah ne peut imaginer son avenir avec un homme. Elle finit par faire de son amant un «très bon pote», qui s’entend d’ailleurs très bien avec sa nouvelle compagne. Elle conclut : «les aventures hétésuis certaine que ça arrive, mais personne n’en parle».

Antonio avec Clara
L’histoire d’Antonio, un informaticien de 33 ans, est radicalement différente. Tout commence au Mexique, où il part vivre près d’une année, alors qu’il a 25 ans. Il y rencontre une Mexicaine avec laquelle il voyage pendant un mois. «Nous avions tellement de points communs, c’était fascinant » avoue-t-il. Une nuit, entre deux escales, tout bascule, et les amis deviennent amants, et tombent amoureux. «Je suis homosexuel, mais je déteste les catégories. Avant d’aimer un homme ou une femme, j’aime un être humain,» précise Antonio. Il rentre en Suisse. Les semaines passent, mais impossible d’oublier Clara. Ils se revoient, une fois en Colombie, une fois au Mexique… Antonio s’interroge, conclut que les hommes et les femmes l’attirent simplement différemment et noue une relation très forte avec Clara qui tombe enceinte. Du coup, il la fait venir en Suisse et l’épouse.

«Pour mon entourage gay, ça a été un véritable choc. Pas parce que je devenais père, mais parce qu’il est rare qu’un homo ait un enfant après une histoire d’amour avec une femme», souligne-t-il. Trois ans plus tard, il retourne à sa liberté. «J’aime ma femme et je l’aimerai toujours mais depuis trois ou quatre ans, nous faisons chambre à part: chacun a sa vie sexuelle. Je dois dire que mes amants ont de la peine à comprendre la configuration familiale» dit-il en riant.

Antonio dit qu’il ne cherche à être en couple avec personne. «Je ne crois pas qu’il soit possible de posséder qui que ce soit». Quant à sa famille, elle a mis du temps avant d’accepter son mode de vie. «Ma mère est très religieuse, ma vie intime a toujours été tabou, mais je sais que je l’ai choquée. Mon frère m’a fait beaucoup de reproches. Il m’a dit: tu veux tout? Elever un enfant et avoir une homosexualité assumée? » Cela fait maintenant dix ans qu’Antonio vit avec Clara et au fil des années, l’amoureuse s’est transformée en mère, puis en amie, «une amitié qui repose sur une base indestructible: l’existence de notre fille.»