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Et pourquoi pas du poppers en pharmacie?

Et pourquoi pas du poppers en pharmacie?

Drogue, gadget, parfum d'intérieur ou médicament? Le statut du poppers est vaporeux. Le 31 octobre, le spécialiste canadien Cameron Schwartz viendra en parler à Lausanne dans une approche de santé communautaire gay. En attendant, on fait le point sur les vices et vertus de la petite fiole culte.

Il est indispensable à beaucoup de bottoms, mais apprécié aussi très largement dans la communauté queer pour son effet de relâchement et d’euphorie pendant le sexe. Beaucoup a été dit, voire chanté, sur le poppers. Aaaaah ses effets vasodilatateurs magiques! et ooohh ses contrecoups qui le sont beaucoup moins! Comme cette odeur de vieille chaussette qui vous poursuit après l’orgasme, ces maux de tête nauséeux ou encore ces rêves chaotiques si l’on s’endort juste après.

Même si les autorités s’inquiètent sporadiquement de la banalisation des poppers auprès des jeunes, ces substances semblent avoir été traités de manière assez nonchalante en Suisse. Sans doute parce que les Rush, Fist et autres Jungle Juice ne sont consommés que par une infime minorité de la population. En outre, ce n’est pas une drogue à proprement parler – juste un produit chimique qui induit des effets physiques. Ici comme dans de nombreux pays européens, on s’est contenté d’en interdire la commercialisation à des fins d’inhalation. Il faut donc feinter un peu pour se procurer ces «encens liquides» et ces «nettoyants pour tête de lecture» (!) à l’étranger ou sur le web.

Vices et vertus

D’autres pays sont plus stricts. Au Canada, une interdiction ferme est appliquée depuis 2013. Or, cette politique a fait réagir les organismes locaux de santé communautaire LGBTIQ+, qui n’ont pas hésité à mettre en avant les vertus (oui!) de la petite fiole. Après tout, du point de vue des mecs passifs, le poppers n’est rien d’autre qu’une «aide sexuelle» qui rend les rapports anaux moins douloureux. À ce titre, il n’est pas moins légitime que l’œstrogène vaginal ou le viagra. C’est la position défendue par Cameron Schwartz, invité à Lausanne le 31 octobre à l’initiative de la nouvelle association ProxyMalles. Selon ce chercheur, la répression a eu pour effet de marginaliser davantage les sexualités gay. Au lieu d’éradiquer le poppers, elle a plutôt renforcé le marché illégal des poppers et accru l’incertitude sur la nature des produits que l’on se procure clandestinement. Le comble: son utilisation n’aurait pas faibli chez les gays canadiens.

En 2022, le Centre de recherche communautaire (CBRC) a lancé une campagne pour rétablir une tolérance autour de ces produits, tout en posant des questions iconoclastes: faut-il considérer le poppers comme le tabac et l’alcool, «à consommer avec modération»? En faire un médicament disponible en pharmacie? C’était le cas autrefois, quand les ampoules de nitrite d’amyle étaient indiquées pour soulager l’angine de poitrine.

Substituts douteux

Le chercheur canadien rappellera sans doute que l’impact du poppers (négatif comme positif) sur la santé n’a pas fait l’objet de recherches très poussées. Pour l’inhalation, on sait toutefois qu’il peut entraîner des perturbations cardiaques (potentiellement mortelles en interaction avec les médicaments de type viagra). Les conséquences d’une utilisation intensive sur le long terme restent assez floues. Elles sont d’autant plus difficiles à apprécier que de nombreuses substances différentes sont sur le marché, dans une certaine anarchie. Aucune n’est inoffensive, mais certaines sont considérées comme particulièrement toxiques, telles que les nitrites de butyle et d’isopropyle; d’autres sont présumées mutagènes, comme les nitrites d’isobutyle et d’isopentyle (les plus courants), voire carrément cancérogène comme le nitrite d’isobutyle*. Ironie du sort, ces molécules ont été commercialisées après l’interdiction du poppers original, le nitrite d’amyle, pourtant mieux toléré par l’organisme**.

Quête du plaisir légitime ou produit dangereux, susceptible de détraquer sa santé et d’engendrer une «dépendance psychique»? La question est ouverte. Elle s’adresse autant aux décideur·euse·x·s qu’aux personnes utilisatrices.

Soirée d’information et d’échange autour du poppers avec Cameron Schwartz, le jeudi 31 octobre dès 19h, à SEV52; avenue de Sévelin 52, Lausanne. La discussion peut être également suivie en livestream sur Teams. Plus d’infos: linktr.ee/proxymalles

L’événement est organisé par la toute nouvelle association Proxy-Malles. Elle s’est notamment fixé pour objectif de répondre à la médicalisation et la pathologisation des modes de vie gay, particulièrement en matière de sexualités (VIH ou chemsex).

* La fiche consacrée au poppers sur le site de l’OFSP
** Andrew Weil & Winifred Rosen, From chocolate to morphine: everything you need to know about mind-altering drugs, 1993