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Quand la campagne pétille et pique les yeux

Quand la campagne pétille et pique les yeux

Pinkwashing caféiné, mariage et sondages se sont invités dans l'avant-dernière semaine de campagne pour l'extension de la norme pénale, cette semaine.

Reportages, face-à-face, analyses, portraits et courriers de lecteurs par dizaines… les questions LGBT auront rarement été aussi intensivement abordées par les médias helvétiques qu’en ces dernières semaines avant la votation sur l’extension de la norme pénale antiraciste à l’orientation sexuelle. Le débat est effervescent… comme une bouteille de Coca-Cola, par exemple. La marque de soda américaine a créé le buzz en publiant une pub aux couleurs arc-en-ciel, déclinant un manifeste pour la diversité et contre les discriminations. «Nous sommes un membre de la société suisse depuis 1936 et sommes convaincus que nous devons aussi prendre nos responsabilités pour cette société», s’est expliqué le porte-parole de Coca-Cola, Matthias Schneider, dans le «12h30» de la RTS.

Cette quasi-prise de position politique a intrigué bien des éditorialistes. Pour la «NZZ», c’est un choix commercialement risqué, qui trouverait son origine dans la «pression par des employés plus jeunes, qui veulent une déclaration claire sur la position de leur entreprise, par exemple en matière de protection des minorités ou d’environnement.» Une dynamique déjà constatée dans la présence accrue des entreprises au sein des défilés des fiertés.

Boycott à la hongroise
Si les réactions au sein de la communauté LGBT ont été contrastées, allant de la divine surprise à l’agacement contre le «pinkwashing», l’annonce a au moins fait l’unanimité contre elle au sein des Jeunes UDC, dont le président, Benjamin Fischer, a lancé un appel au boycott de la boisson. En sirotant son Pepsi quelques jours plus tard, il s’est sans doute étranglé quand il a découvert la une de la «Weltwoche». Car l’organe semi-officiel de l’UDC a lui aussi laissé sa une au visuel de Coca-Cola. Il est vrai qu’il aurait été difficile pour l’hebdomadaire du conseiller national Roger Köppel de censurer une pub alors que la campagne pour le «non» le 9 février repose précisément sur le rejet de la censure.

«Polarisation»
Difficile de dire quel impact aura eu cette campagne pétillante sur l’opinion des Suisses (et sur les ventes de Coca). Les dernières vagues de sondage ont été menées autour du 18 janvier et publiées mardi. Le «oui» se renforce, selon l’enquête Tamedia, passant de 65 à 69%, avec un soutien particulièrement large en Suisse latine et dans l’électorat féminin. Le sondage SSR montre une tendance exactement inverse, avec un «oui» qui fléchit de 69 à 65%, sous l’effet d’une polarisation au sein de l’électorat de l’UDC et du centre-droit.

Au sein de cette dernière mouvance, le conseiller national PLR Andrea Caroni a sans doute déçu une communauté LGBT qu’il a défendu à de nombreuses reprises. L’Appenzellois s’est prononcé en faveur du «non»: «J’ai un problème lorsque l’État veut interdire les opinions des gens. Toute la norme punitive est une épine dans le pied – tout comme l’interdiction du blasphème ou de l’insulte contre un dignitaire», a-t-il déclaré à «20 Minuten».

Télescopage
Alors que la campagne bat son plein, les sujets se bousculent à l’agenda au risque de brouiller un peu les esprits. Ainsi, mardi, le Conseil fédéral a livré une déclaration en faveur d’une «mise en place rapide du mariage pour tous en Suisse»… mais attention: sans la PMA, ni la double filiation à la naissance, ni l’accès à la rente de survivant. Les associations LGBT se seraient volontiers épargné l’ouverture d’un nouveau front, mais elles ne pouvaient pas laisser passer ça. «Tarder encore à instaurer l’égalité devant la loi, c’est laisser toujours plus de couples souffrir plus longtemps» de la situation actuelle, a dénoncé Maria von Känel, directrice de Familles arc-en-ciel, dans un communiqué. «Nous craignons de devoir patienter dix ou vingt ans supplémentaires pour obtenir une véritable égalité en matière de droits parentaux», a commenté Muriel Waeger, de LOS et Pink Cross, citée par Swissinfo. Le débat arrive en mars au Parlement. Avec peut-être une nouvelle votation à la clé…