Les toilettes trans font honte aux gays brésiliens
A la demande de leurs élèves travesties, les écoles de samba de Rio se dotent de lieux d'aisance réservés aux «LGBT». Les associations gay parlent d'une «discrimination».
C’est une drôle de polémique qui a éclaté à Rio, et qui souligne le vaste fossé qui existe au Brésil entre les gays et les personnes trans. A un mois du Carnaval, l’école de samba qui a remporté le titre de championne du Carnaval 2010 fait l’objet de critiques nourries de la part des association homosexuelles locales. Dans les locaux qu’elle inaugure aujourd’hui, Unidos da Tijuca dispose en effet des «toilettes pour LGBT».
«C’est de l’apartheid carnavalesque», s’indigne Claudio, responsable d’un programme contre l’homophobie dans l’Etat de Rio dans les colonnes du «Globo». «Si l’intention était de protéger les LGBT des discriminations, on a la certitude que cela les exclut, les stigmatise et stimule l’homophobie.»
Toutefois, pour la prestigieuse école de danse carioca, ce «petit coin» répond à une demande. «Les transsexuels se sentent discriminés», explique Bruno, porte-parole d’Unidos da Tijuca. «L’utilisation de ces toilettes n’est pas une obligation, mais une option. Le métro, par exemple, a un wagon seulement pour les femmes, mais cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas voyager dans les autres voitures.»
Ce type d’équipement n’est pas une nouveauté: plusieurs autres écoles en disposent depuis 2006. Et malgré la désapprobation des association LGBT, les danseuses trans se réjouissent. «Il y a parfois des choses que nous voulons faire dans les toilettes des femmes ou des hommes et qui met les gens mal à l’aise. Des toilettes gay vont être merveilleuse pour qu’on puisse enlever sa culotte ou sa chemise pour se changer», confie Karina sur le site Globo.com.
Le Brésil compte une importante population de «travestis» et de transsexuels, le plus souvent marginalisée socialement. Elle subit une très large part de la violence et de la discrimination à l’encontre de la «communauté LGBT» telle qu’elle est répertoriée. Leur situation contraste fortement avec celle des personnes ouvertement gay, lesbiennes et bisexuelles.