La boutique de Harvey Milk «récupérée» par un lobby gay
La transformation du mythique magasin de photo de San Francisco en espace de merchandising rend furieux les amis du leader gay assassiné en 1978.
Le 575 Castro Street est presque un monument du mouvement de libération gay. De 1972 à 1978, le tenancier de cette boutique n’était autre que Harvey Milk, le premier élu ouvertement gay des Etats-Unis, assassiné en 1978. Car ce petit magasin de photo de 85m² servait surtout de QG de campagne au candidat. C’est là que se sont joués les premiers combats politiques du mouvement LGBT naissant.
Or la fameuse boutique est au cœur d’une polémique opposant les proches du leader disparu et la Human Rights Campaign (HRC), l’une des principales organisations LGBT des Etats-Unis. Celle-ci vient d’annoncer qu’elle déménagerait en mai dans l’arcade. Le lieu devrait proposer de la documentation et différents articles, parmi lesquels du merchandising à l’effigie de l’icône gay. «Nous sommes les bénéficiaires de son militantisme pionnier», a fait valoir la HRC.
Marchandisation «cheap»
L’annonce a été accueillie par une volée de bois vert de la part des amis de Harvey Milk, rapporte le «Bay Area Reporter». Dan Nicoletta a accusé le HRC de tenter de récupérer l’héritage du politicien à son profit: «Les visiteurs à la Mecque LGBT qu’est San Francisco ont besoin d’un peu plus qu’un t-shirt ou qu’un mug», a-t-il ironisé. «Ecœuré», l’un des plus proches collaborateurs de Milk, Cleve Jones a lui aussi mis en garde contre une marchandisation «cheap» de l’image du leader. D’après lui, le HRC, très lié au Parti démocrate, est aux antipodes de la politique que menait Harvey Milk auprès de la base.
Pour sa part, la HRC s’est dite étonné par les réactions violentes suscitées par le déménagement. Son porte-parole note que l’arcade de la Castro Street avait, ces dernières années, accueilli des commerces vendant des cadeaux ou des articles de beauté. Elle était à louer depuis mars dernier, après avoir servi de décor, en 2008, au film «Milk» tourné par Gus Van Sant.