Exécuter un gay n'est plus injustifié

L'assemblée générale des Nations Unies a retiré la mention de l'orientation sexuelle dans l’amendement qui condamne les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires et les autres assassinats.

Par 79 voix contre 70, la motion présentée par le Maroc et le Mali afin de supprimer le terme « orientation sexuelle » de l’amendement sur les exécutions injustifiées a été acceptée par l’assemblée de l’ONU. Celui-ci fait pourtant explicitement référence à d’autres groupes fragilisés, comme les défenseurs des droits humains, les minorités religieuses ou les enfants des rues. La mention de l’homosexualité existait quant à elle depuis 1999 mais a fait les frais du vote de reconduction qui a lieu tous les deux. Elle a été remplacée par des « raisons discriminatoires de n’importe quel motif », beaucoup trop vagues pour lutter efficacement contre l’homophobie au niveau international. Sa suppression était tout particulièrement soutenue par les pays arabes et africains qui sont nombreux à pénaliser les rapports homosexuels et cinq encore à les condamner par une peine de mort.

Cary Alan Johnson, directeur exécutif de l’International Gay and Lesbian Human Rights Commission a déclaré que « ce vote est dangereux et constitue une évolution dérangeante ». Dans un contexte où les intégrismes religieux attisent la haine envers les minorités sexuelles, ce retrait a effectivement de quoi inquiéter. Notamment dans le cas de l’Ouganda dont la loi anti-gay, qui pourrait être adoptée très prochainement, pousserait les citoyens de ce pays à la délation et menacerait d’emprisonnement ou d’exécution les gays et lesbiennes. Compte tenu l’activisme des évangélistes américains dans cette région d’Afrique, une contagion des pays voisins est également à craindre. Dans ce cas de figure, la modification de l’amendement restreint de manière inacceptable la capacité d’action de la communauté internationale.