Trump, «le président le plus pro-gay de l’histoire»!
L'ancien ministre ouvertement gay Richard Grenell a publié un ahurissant clip de soutien à la réélection de Donald Trump, accumulant mensonges et omissions grossières.
Ex-ambassadeur des États-Unis en Allemagne et éphémère directeur du renseignement national – deux affectations controversées –, Richard Grenell a été le seul politicien ouvertement gay à prendre la parole au cours de la Convention nationale républicaine, hier jeudi. Significativement, il n’a pas dit un mot de son orientation sexuelle ou des prétendues réalisations «pro-gay» de Donald Trump. Une semaine plus tôt, il s’était pourtant montré intarissable à ce sujet.
Dans une vidéo publiée par les Log Cabin Republicans, le groupe gay du Parti républicain, Grenell se livre à une extravagante défense du milliardaire, qu’il salue comme «le président le plus pro-gay de l’histoire». «Et je peux le prouver!» lance l’ex-diplomate.
En fait, pour illustrer la gay-friendliness du président, Grenell met surtout en exergue sa propre nomination «en tant que premier membre ouvertement gay d’un cabinet»… où il ne restera que trois mois. Il cite en outre la lutte contre le «régime homophobe et terroriste» iranien et le lancement d’une campagne à l’ONU pour décriminaliser l’homosexualité au niveau mondial.
President @realDonaldTrump made history for #LGBT Americans — and nobody knows that better than @RichardGrenell. #GetOUTspoken pic.twitter.com/HJhY5kSuh0
— LogCabinRepublicans (@LogCabinGOP) August 19, 2020
La courte vidéo consiste plutôt en une attaque en règle contre le rival démocrate de Donald Trump, exhumant les positions frileuses de Joe Biden sur l’emploi de personnes homosexuelles dans les services de sécurité ou sur le mariage pour tou·te·s. Trump, lui serait «le premier président à avoir été pour le mariage gay dès son premier jour de mandat».
Richard Grenell poursuit avec une diatribe contre les organisations LGBTQ+ nationales, majoritairement engagées contre Trump. Il en appelle aux électeurs gay conservateurs, que l’on pressent masculins, Blancs et cisgenres. «Il y a des millions de patriotes gay américains qui en ont marre de se faire clouer le bec par ceux qui veulent nous contrôler, ceux qui ont peur de nos voix, ceux qui veulent faire de l’égalité une notion partisane.» Et de conclure: «Les champions de la diversité d’hier sont l’intolérance d’aujourd’hui.»
Quatre «pinocchios»
Le clip a fait se dresser les cheveux sur la tête de la communauté LGBTQ+ américaine, mais aussi de la presse. Le service fact-checking du «Washington Post» lui a attribué quatre pinocchios, la notation maximale pour les bobards politiques. Le quotidien relève, par exemple, que les déclarations de Biden sur le «risque sécuritaire» que présenteraient des militaires gay remonte en fait à… 1973. Il rappelle également les doutes sur les raisons réelles de la nomination provisoire de Grenell à la tête du renseignement et l’évanescence de sa campagne de décriminalisation mondiale de l’homosexualité.
Surtout, le «Washington Post» note que Grenell fait opportunément l’impasse sur les multiples avancées de l’administration Obama-Biden dans la lutte contre les discriminations. Autant d’acquis que le locataire actuel de la Maison-Blanche n’a pourtant cessé d’attaquer. Et de faire la liste des tentatives de démantèlement des protections antidiscrimination dans les domaines de l’emploi, de la santé, de la famille, du logement et de la défense, particulièrement au détriment de la population trans*.
«Irresponsable»
«C’est irresponsable, insidieux et insultant de qualifier cette administration de «pro-LGBTQ» quand le président, le vice-président et leur équipe ont entrepris de réduire méthodiquement nos droits et de nous priver de notre dignité», a commenté Lucas Acosta, porte-parole de la Human Rights Campaign, l’une des plus importante organisation de défense des droits LGBTQ+.
En 2019, le Williams Institute de l’UCLA estimait à 15% le taux de soutien au Parti républicain au sein des électeurs LGBT, contre 50% pour les Démocrates.