Moscou: Pride à nouveau violemment réprimée

La deuxième tentative d’organiser une Gay Pride au centre de Moscou a été réprimée par la police russe dimanche.

Symbolique, la marche organisée par des militants LGBT russes ne devait se dérouler que sur quelques mètres, afin d’apporter une lettre signée de parlementaires internationaux au maire de Moscou, Youri Louzhkov. Pour la deuxième année consécutive, celui-ci avait formellement interdit toute marche par des mouvements homosexuels, qualifiant même ce type de manifestation de «satanique». Sur le lieu prévu pour la manifestation, des groupes d’extrémistes de droite et d’ultra-religieux orthodoxes attendaient les manifestants. Quelques dizaines – moins nombreux qu’en 2006 – ils ont dû affronter des jets de projectiles et des injures, ainsi que des provocations et attaques violentes.

Arrestations
Plusieurs militants, dont le britannique Peter Thatchell, et personalités politiques internationales, dont la députée italienne Vadimir Luxuria et l’allemand Volker Beck ont reçu des coups de la part des contre-manifestants d’extrême droite ou ont été brièvement arrêtées par la police. Quant à l’organisateur Nicolaï Alekseev, il a été appréhendé dès le début de la manifestation et aurait passé la nuit en détention. Au total, la marche avortée a mené à 31 interpellations par les forces anti-émeutes russes (ironiquement désignées en cyrillique par les initiales OMOH) dont aucune ne semblait concerner les extrémistes de droite. L’agence de presse russe Interfax a parlé d’«actions coordonnées et polies de la police, strictement conformes à la Loi.»

«Théâtre de rue»
Certains observateurs ont été surpris de la méfiance que cette Gay Pride a suscité au sein de la scène gay de la capitale russe (voir article), reflétée dans la présence très faible de gays et lesbiennes moscovites parmi les marcheurs. En outre, la presse a noté la présence parmi les manifestants pro-LGBT d’une personnalité politique d’extrême-droite venue assez inexplicablement soutenir les homos au nom de la «civilisation européenne.» Le quotidien français Libération parle à cette occasion de «théâtre de rue», rappelant que la question gay a été largement instrumentalisée ces derniers mois par le régime de Vladimir Poutine pour tenter de délégitimer l’opposition.