Décès d’André Labarrère
Le maire de Pau, personnage chaleureux, atypique, aimant se distinguer, est mort cette nuit. Il avait été un des premiers hommes politiques français à rendre publique son homosexualité.
« S’il est un domaine où la tendresse ne tient pas royaume, c’est bien la politique. La cruauté d’une maxime fixe bien les limites de la clémence entre adversaires : «en politique, il ne faut jamais blesser, il faut tuer directement». Le moindre élan de compassion envers son concurrent est un signe de faiblesse la plupart du temps fatal. » écrivait-il sur son blog le 11 mai 2006 sous le titre «La trahison, essence même de la vie politique». Celui qui affirmait «Quand on est élu, on doit être transparent» (Libération – 14 avril 2006) a été l’un des tout premiers élus à annoncer publiquement son homosexualité, avant de prendre son monde à contre-pied en se déclarant opposé au mariage homosexuel. Quand Noël Mamère a célébré à Bègles le premier mariage d’un couple gay, il avait déclaré dans une interview à Sud Ouest en mai 2004 : « Je trouve qu’il y a assez de cocus pour ne pas ajouter les homos … Etre homosexuel est très difficile à vivre. Quand je me suis déclaré, c’était pour aider les jeunes, pour leur dire : voilà vous êtes homos, acceptez-vous et tout n’est pas perdu ». Réélu cinq fois à la maire de Pau, député, sénateur, ministre, conseiller général, président du Conseil régional, il gardait toujours une capacité à surprendre et à innover : il s’est récemment prononcé en faveur de la candidature de Ségolène Royal ; « Il faut vraiment se battre pour une nouvelle image de la politique (…) et Ségolène Royal peut apporter cette nouvelle image », déclarait-il en février 2006 sur Sud Radio. Jusqu’au bout il aura eu le courage de la vérité, puisqu’il y a un mois il avait annoncé publiquement qu’il était atteint d’un cancer.
