Si t’es trans, fatwa pas de soucis?
Si la Sharia (la Loi islamique) n'est pas tendre avec les homos, la question du transsexualisme recueille des avis partagés parmi les théologiens musulmans, et même dans la pratique des Etats islamiques. Mais ce n’est pas forcément bon signe…
Dans les régimes islamiques, la position traditionaliste qui veut que «une personne vive en se contentant de ce que Dieu a décidé pour elle», serait en phase d’être supplantée par une vision apparemment un peu plus pragmatique. Une étude récemment publiée par Al-Safra, un groupe de recherche sur les femmes musulmanes lesbiennes, bisexuelles et transgenres basé au Royaume-Uni, rappelle qu’en 1988 l’Université islamique d’Al Azhar, la plus haute autorité de théologie sunnite «officielle», autorisait timidement les opération de réassignation aux seules personnes intersexe, dans le but de «révéler un sexe caché». Dans les faits, toutefois, les situations sont diverses. Les personnes dont le sexe biologique est masculin, mais dont l’identité de genre est féminine (les «M-to-F») peuvent bénéficier d’une relative compréhension, tandis qu’à l’inverse, les «F-to-M», rencontrent de fortes résistances.
En Iran shi’ite, en revanche, les opérations de réassignations sont théoriquement autorisées pour les personnes transsexuelles. Dans les années 80, une fatwa a même été édictée dans ce sens suite au combat obstiné d’une transsexuelle auprès du Guide suprême, l’Ayatollah Khomeini. Les justifications islamiques demeurent toutefois à double tranchant. En particulier, elles sont susceptibles de renforcer la condamnation pour «anormalité» de personnes non opérées assumant leur condition transgenre, voire celle des homos, souvent considérés comme «usurpateurs» du rôle du sexe opposé.