En Pologne, les familles arc-en-ciel victimes d’une surenchère électorale
Pour assurer sa réélection, le président polonais Andrzej Duda a annoncé sa volonté de faire interdire l'adoption par les couples de même sexe.
En plein entre-deux-tours de la présidentielle polonaise, les questions LGBTQ+ restent au cœur des débats. Candidat sortant représentant l’ultraconservateur parti Droit et Justice (PiS), Andrzej Duda a surenchéri sur ce thème, samedi, en annonçant sa décision d’inscrire dans la Constitution l’interdiction de l’adoption par les couples de même sexe.
«Pour s’assurer de la sécurité de l’enfant et de sa bonne éducation, l’État polonais doit sauvegarder ses droits», a-t-il déclaré au cours d’un meeting. Le président entend signer l’amendement dès demain, et le soumettre aussitôt au Parlement.
Pour la principale association nationale, Campagne contre l’homophobie (KPH), la mesure est un «signal clair que Duda prépare l’enfer pour les LGBT s’il gagne l’élection». Elle appelle la communauté et ses allié·e s à se mobiliser en vue du scrutin du 12 juillet. Les sondages placent le président sortant et son rival, le maire de Varsovie Rafał Trzaskowski, au coude à coude.
Consensus politique
Or le candidat libéral s’est dit en accord avec le président sur la question de l’adoption, jugeant qu’il y avait consensus parmi les partis politiques. De quoi décevoir les LGBTQ+ polonais, auxquels Trzaskowski a souvent apporté son soutien… Au point d’être caricaturé par ses adversaires et les médias publics en tant qu’agent d’une «idéologie LGBT» assimilée au communisme.
Les couples de même sexe ne bénéficient d’aucune existence légale en Pologne. S’ils ont des enfants, le parent non biologique ne bénéficie d’aucune reconnaissance. Du moins théoriquement, car en 2018, un enfant né au Royaume-Uni a vu ses deux mamans reconnues par la justice administrative polonaise.