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Cacophonie autour de l’hymne national à la Pride

Cacophonie autour de l’hymne national à la Pride
Les dernières éditions de la Pride de Cologne (ici en 2016) ont rassemblé entre 30'000 et 50'000 participant·e·s.
Photo © Raimond Spekking/CC BY-SA 4.0

En adoptant un slogan en forme de clin d’œil au «Lied der Deutschen» pour les 30 ans de la Réunification, le comité de la Pride de Cologne a déclenché une vive polémique.

Dans une Allemagne préoccupée par la montée du nationalisme après les récentes victoires électorales de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), la décision du Christopher Street Day (CSD) de Cologne, l’une des plus importantes Pride du pays, crée le malaise. Au début du mois, les organisateurs ont dévoilé leur slogan 2020: «Unité! Justice! Liberté!» Trois mots que tout Allemand associe invariablement à son hymne national, et plus précisément à sa troisième strophe. Pour la CSD, ce clin d’œil est une façon de ne pas laisser le terrain du patriotisme aux extrémistes de l’AfD et du mouvement xénophobe Pegida.

Ce slogan est aussi censé faire écho aux 30 ans de la Réunification qui seront célébrés l’an prochain. «Sans cette Nation, nous n’aurions aujourd’hui ni mariage pour tous, ni droit à l’adoption au sein des familles arc-en-ciel, ni système judiciaire qui poursuit pénalement les insultes transphobes», salue un édito publié par Queer.de. Lequel propose: «Et pourquoi ne chanterait-on pas l’hymne national? Pas seulement en tant que personnes queer, mais ensemble, avec tout le pays, avec les hétéros, les cis et le président de la république.»

La perspective d’une Pride en noir, rouge et or, entonnant le «Lied der Deutschen» a suscité des réactions épidermiques. Sur les réseaux sociaux, on a vu se multiplier les dénonciations de l’«homonationalisme» blanc, cis et gay, et les appels au boycott. Certains tweets sont allés jusqu’à comparer la CSD avec les «marches au flambeaux» néonazies.

Pétition
Ce week-end, une pétition signée de trente militants LGBTIQ+ a été publiée. Elle demande au comité de la CSD de renoncer à un slogan qui, selon elle, invoque le «symbolisme et la rhétorique nationaliste, alors que le mouvement lesbien, gay et trans et son histoire représentent principalement l’ouverture à la solidarité transfrontalière et mondiale».

Exprimer son attachement à un État garant des libertés et du droit? C’est oublier un peu vite que «c’est grâce à l’endurance, à la confiance en soi et à la contestation que le mouvement LGBTIQ a arraché des succès en terme d’égalité». Les signataires rappellent ainsi que l’histoire allemande est marquée par la persécution des minorités, et ce même après la fin du IIIe Reich. En RFA, le paragraphe 175 du Code pénal a criminalisé les actes homosexuels jusqu’en 1994. Enfin, la pétition estime que le slogan entretient un climat anti-minorités et laisse la population étrangère – et singulièrement les migrants – sur le bord du chemin.