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«Ils disent que mon enfant a été victime d’un crime parce qu’il a parlé à un gay»

«Ils disent que mon enfant a été victime d’un crime parce qu’il a parlé à un gay»

Les protagonistes d'une vidéo qui invitait des enfants à dialoguer avec un jeune gay sont aux prises avec la justice russe, qui a lancé des poursuites pour «agression sexuelle sur mineurs».

La BBC a diffusé aujourd’hui un reportage sur les suites de l’enquête lancée par la justice russe contre les auteurs d’une vidéo où des enfants posaient des questions à un jeune homme gay. Ce programme de la chaîne YouTube Real Talk fait l’objet de poursuites pénales pour «agression sexuelle sur mineurs».

L’affaire a démarré à la mi-septembre, quand le vice-président de la Douma, Piotr Tolstoï (représentant le parti Russie Unie de Vladimir Poutine), a saisi le Ministère de l’intérieur et l’autorité de surveillance des médias, qualifiant certaines vidéos d’«éthiquement inadmissibles», notamment au vu de la loi réprimant depuis 2013 la «propagande» LGBT.

Bien qu’à aucun moment il n’ait été question de sexualité dans la vidéo incriminée, le Parquet de Moscou est allé bien plus loin, prétendant notamment que le but de l’émission était d’«exciter» sexuellement les enfants.

Menaces de mort incessantes
Plus de deux mois après, le jeune gay qui témoignait dans la vidéo déclare avoir «tout perdu» et être la cible de menaces de mort incessantes. Pourtant, Maksim Pankratov, 21 ans, ne regrette rien. «Pour moi c’était important, car toute ma vie j’ai été opprimé. Il fallait que je montre que je suis une personne normale», a-t-il confié à la journaliste de la BBC.

La productrice de la vidéo, Viktoria Pich, s’est mise à l’abri à l’étranger dès qu’elle a été informée de l’ouverture d’une enquête pénale. «Le sol s’est dérobé sous mes pieds. On parle de 12 à 20 ans de prison», explique-t-elle les larmes aux yeux. Les parents des enfants apparaissant dans la séquence ont eux reçu la visite des services sociaux et ont été convoqués pour des interrogatoires. «Ils pensent que mon fils a été victime d’un crime parce qu’il a parlé à une personne gay», explique une maman, qui dit avoir l’impression de marcher «au bord d’un volcan».

Accueil positif
Adaptation du format américain «Kids Meet», Real Talk invitait des enfants à poser des questions à des «compagnons improbables»: de race différente, handicapé ou présentant une particularité physique. La vidéo consacrée à l’homosexualité, mise en ligne début septembre, aurait récolté 2 millions de vues, et une majorité écrasante de commentaires positifs, avec 80’000 likes et seulement 6000 dislikes. Le chaîne est fermée depuis la fin octobre.

«C’était une surprise totale que la vidéo suscite l’intérêt des autorités», a expliqué une source proche des producteurs de la vidéo au site Meduza. «Ils ont immédiatement commencé à harceler et terroriser les parents, les envoyant à différentes adresses, menaçant de leur retirer leurs enfants. Tout le monde est effrayé et angoissé. Il est clair que les autorités se fichent éperdument des droits des enfants ou de leurs parents. Les politiciens veulent juste faire un maximum de bruit avec cette histoire.»

Escalade de la répression
Dans un communiqué diffusé la semaine passée, Human Rights Watch s’inquiète d’une escalade de la répression d’État contre les LGBT russes. «Ce cas est un exemple particulièrement choquant de comment les autorités utilisent la loi sur la ‘propagande gay’ comme un outil de discrimination et d’intimidation», estime Kyle Knight, en charge des questions LGBT au sein de l’ONG internationale.