Une fausse bénévole démasquée au sein de l’association LGBTIQ+
La télévision publique polonaise est soupçonnée d'avoir tenté d'infiltrer la KPH, principale association LGBTQ+ du pays, afin d'enregistrer des propos controversés.
Dans un climat politique particulièrement tendu, la Campagne contre l’homophobie (KPH), principale organisation LGBTIQ+ de Pologne, a dénoncé cette semaine une tentative de provocation après qu’une jeune femme s’est présentée comme bénévole lors de réunions de l’association. Elle aurait été surprise en train d’utiliser des lunettes munies d’une caméra miniature pour filmer une de ces assemblées et son téléphone pour enregistrer le son. Confrontée par un membre de la KPH, elle aurait alors évoqué des «problèmes de mémoire».
Auparavant, la prétendue volontaire avait tenté de soutirer des propos controversés sur les catholiques et des informations sur les soutiens et donateurs de la KPH, ainsi que sur son accès aux établissements scolaires. Elle aurait aussi tenté d’avoir accès à la base de données de l’association, rapporte le site d’investigation OKO.press.
Tournage à la sauvette
Quelques jours plus tard, lundi dernier, une caméra de surveillance filmait la même jeune femme en compagnie d’un caméraman et d’un preneur de son devant la porte du siège de la KPH à Varsovie, fermé à ce moment-là. Les techniciens seraient connus comme travaillant pour la télévision publique TVP. Quant à la jeune «espionne», sa véritable identité est inconnue. Son profil sur les réseaux sociaux a entre-temps été effacé.
La KPH a rappelé qu’elle était «une organisation transparente qui n’a rien cacher», mais elle s’est inquiétée de voir des membres de l’association apparaître à la télévision sans leur consentement.
Au service du pouvoir ultraconservateur
Depuis la réforme des médias polonais en 2016, le parti au pouvoir Droit et justice (PiS) a mis la radiotélévision publique sous sa coupe, en remplaçant une grande partie de ses cadres. La ligne éditoriale actuelle – en pleine campagne électorale – est très hostile à l’opposition et joue à plein la carte de la «guerre culturelle» visant les communautés LGBTIQ+. Elle soutient notamment la théorie selon laquelle les marches des fiertés organisées avec succès dans tout le pays depuis ce printemps sont téléguidées par des forces étrangères.