Être homosexuel n’est plus un crime en Angola
Quarante-quatre ans après son indépendance, le grand pays d'Afrique australe a adopté cette semaine un nouveau Code pénal qui fait disparaître la notion de «vices contre-nature».
Pays de 25 millions d’habitants, l’Angola a mis fin à 133 ans d’arbitraire pour sa population LGBT. Mercredi, le Parlement a adopté un nouveau Code pénal qui remplace celui imposé par la puissance coloniale portugaise en 1886. La répression des «vices contre-nature», qui criminalisait les rapports homosexuels, y a été supprimée de l’article 71. Symboliquement, c’est cette même section qui pénalise désormais les discriminations, notamment en raison de l’orientation sexuelle.
Comparé à la situation dans d’autres nations africaines, le climat en Angola était relativement serein pour les minorités sexuelles. Aucun cas d’arrestation n’avait été rapporté ces dernières années. Un sondage réalisé par l’ILGA en 2017 révélait d’ailleurs une large acceptation – en tout cas à l’échelle africaine – du principe d’égalité pour les personnes gay, lesbiennes et bisexuelles (61%) et trans (63%).
«Moment historique»
Principale association LGBT du pays, reconnue officiellement en juin 2018, Iris Angola a salué un «moment historique», tout en soulignant qu’il restait beaucoup à faire. «En pratique, nous luttons seuls», a expliqué Carlos Fernandes, son président, à l’agence Lusa. «Presque personne, et aucune entreprise, ne veut que son nom soit associé aux LGBT. On a eu beaucoup de difficulté pour (…) aider et soutenir notre communauté.» Selon lui les efforts doivent désormais porter en priorité sur les familles. Trop de jeunes LGBT sont encore jetés à la rue, ajoute-t-il.
Comme le relève Human Rights Watch, l’Angola est le quatrième pays africain lusophone à tirer un trait sur sa législation coloniale homophobe, après le Mozambique (2015), São Tomé-et-Principe (2012) et le Cap Vert (2004). Les Seychelles (2016) et le Lesotho (2012) ont fait de même. Il reste encore soixante neuf pays à travers le monde qui criminalisent les rapports sexuels consentis entre personnes de même sexe. La tendance à la répression des minorités sexuelles tend même à se renforcer dans de nombreux pays du continent africain, et non des moindres, comme le Nigeria ou l’Egypte.