Nouvelle flambée antigay au Sénégal
La libération, à la fin du mois dernier, de neuf homosexuels présumés a remis le feu aux poudres dans ce pays musulman d’Afrique de l’ouest.
Amnesty International a pressé le gouvernement sénégalais à «veiller à la sécurité de neuf hommes risquant de faire l’objet d’agressions homophobes». Après avoir passé six mois en prison, neuf collaborateurs d’une organisation de lutte contre le VIH/sida, ont été libérés en appel à la fin du mois d’avril. En première instance, ils avaient été condamnés à huit ans de réclusion pour «actes contre-nature et association de malfaiteurs». La relaxe de ces «homosexuels» suscite une nouvelle flambée d’homophobie au Sénégal, orchestrée notamment par l’influente ONG islamiste Jamra, qui a dénoncé des pressions françaises pour la libération des neuf hommes, et appelé les Sénégalais à s’en prendre toute personne soupçonnée d’homosexualité. L’un des dirigeants de l’organisation a affirmé devant la presse que les homosexuels méritaient «d’être mis au ban de la société quitte même, s’ils refusent de le faire, à ce qu’ils rejoignent le silence des cimetières (…) qu’ils soient tout simplement éliminés de la vie.»
Profanation
Première manifestation macabre de cette campagne, une dépouille a été exhumée à deux reprises d’un cimetière de Thiès, samedi 2 mai. Des habitants de la ville auraient traîné le corps du défunt, «homosexuel notoirement connu» selon la presse locale, devant le domicile de ses parents. L’an dernier, déjà, la parution de photos d’un prétendu «mariage gay», avait déclenché des manifestations publiques de haine et lancé des rumeurs de complot homosexuel international. Quelques mois plus tard, une tombe avait déjà été profanée dans des conditions similaires dans une localité du centre du pays.