La variété italienne guérit-elle de l’homosexualité?
Le festival de Sanremo est sous le feu des associations gay italiennes, après la sélection d’une chanson prônant les thérapies de guérison de l’homosexualité.
Plus d’un mois avant son coup d’envoi, la grand’messe de la variété italienne, le festival de Sanremo, est l’objet d’une dispute opposant les organisations LGBT italiennes à l’auteur-compositeur milanais Giuseppe Povia. Auteur d’un tube unique en 2005, et peinant à faire redécoller sa carrière, Povia a été sélectionné par les organisateurs du festival 2009 avec sa nouvelle chanson Luca era gay «Luca était gay», le chanteur y raconterait l’histoire d’un garçon «guéri» de son homosexualité.
Opération minable
Ce texte, appuyant la thèse chérie du Vatican selon laquelle l’homosexualité peut être «traitée» déclenche une vive polémique. Le réseau gay-lesbien national italien Arcigay a dénoncé «une opération publicitaire minable» et accusé Povia d’avoir «fait une opération dégoûtante, en se faisant de la publicité en spéculant sur les souffrances de certaines personnes et en considérant l’homosexualité comme une maladie de laquelle on peut guérir.» L’Arcigay, n’a pas exclu de perturber le festival, qui débute le 17 février en présence de Carla Bruni-Sarkozy.
Povia, qui a affirmé avoir reçu des menaces de mort, a quant à lui défendu l’inspiration de sa chanson, expliquant qu’elle était issue de sa propre expérience. Après avoir été homosexuel pendant une courte période de sa vie, Povia serait ainsi «retourné» à l’hétérosexualité, non sans avoir réussi à convaincre deux de ses amis gay à faire de même.
En tant que partiellement originaire d’Italie, je ne peux qu’exprimer mon dégoût fâce à cette énième manifestation homophobe de la part de mes compatriotes. Récemment j’ai eu le plaisir (aigre-doux…) de voir le film documentaire ´Improvvisamente, l’inverno scorso – Suddenly, last winter´, de Gustav Hofer et Luca Ragazzi (et que je vous conseille de visionner si vous souhaitez prendre plus ample conscience de la situation homosexuelle en Italie), où, une fois de plus, on répertorie la pitoyable réalité homosexuelle, au niveau politique et religieux, dans la Péninsule. Le visionnement du film m’a replongé dans une réalité que, même si jamais directement vécues sur ma peau, j’avais en partie oubliée, ou en tout cas relativisée. Vous pouvez bien vous imaginer l’aversion que j’ai éprouvé lors de la lecture du contenu de cet article. Je suis profondément révolté, en tant qu’Italien et en tant qu’homosexuel tout court, de savoir que même dans des grands spectacles, tel le festival de la chanson de Sanremo, on permette à des soi-disant artistes de proférer des messages qui atteignent à l’intégrité de la communauté homosexuelle mondiale. Le vrai malade est celui qui refuse soi-même.
Toujours le même aliénation qui transpire outre-alpes ! Avec l’hypocrisie vaticanne d’un côté et la vulgarité néo-fascite de ler télé de l’autre, les Italiens fatiguent avec leur homophobie rampante sinon jacassante. Ils ne sont plus bandants depuis bien longtemps. Quelle misère ! Ne reste que les musées et le cinéma pour les aimer encore.