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Quand les LGBT narguent la dictature

Quand les LGBT narguent la dictature

Rencontre avec Slava Bortnik, militant d’Amnesty International et l’un des porte-parole du mouvement LGBT biélorusse, qui s’apprête à célébrer le mois de lutte contre l’homophobie, un première périlleuse dans «la dernière dictature d’Europe».

Pays à la démographie déclinante, coincé entre la Russie, la Pologne et l’Ukraine, la Biélorussie semble remonter dans le temps. Les symboles de l’Etat, fortement inspirés du communisme, et les affiches à la gloire du régime autoritaire d’Alexandre Lukashenko refleurissent sur les murs de Minsk. «Tout est resté figé: l’économie reste dirigée par l’Etat, et beaucoup pensent que ce système paternaliste est bon. Du moment que l’on garde son job, qu’on a sécurité sociale, l’école pour les enfants, etc.» Slava Bortnik est l’une de ces voix de la société civile qui s’expriment dans la semi-clandestinité. Militant des droits de l’homme au sein de la section biélorusse d’Amnesty International, il est aussi l’un des premiers porte-parole de la communauté LGBT dans ce pays. Avec détermination et humour ce jeune psychologue et enseignant de 33 ans raconte avoir grandi dans «le vide absolu» d’informations sur l’homosexualité, «la tradition communiste qui voulait que le sexe n’existe pas.» Pourtant, l’homosexualité n’est plus un crime en Biélorussie depuis 1994. Une mesure prise sans conviction, lors de l’adhésion de la Biélorussie au Conseil de l’Europe. Quelques lieux gays ouvrent timidement les années suivantes. En 1998 apparaît la première association LGBT et en 2001, la première manifestation… immédiatement exploitée par le pouvoir pour discréditer l’opposition politique en dénonçant ces «valeurs occidentales incompatibles avec l’identité biélorusse».

Pour Slava Bortnik, les gays et lesbiennes restent évidemment une menace pour les autorités: «Les dictatures essaient toujours de mettre la main sur toutes les sphères de la vie publique. C’est bien plus facile de garder le pouvoir quand toute la population est uniformisée, quand les réactions du public sont prévisibles.» Révélateur de cette crispation, les procédures tatillonnes, conditions surréalistes et taxes exorbitantes exigées pour l’enregistrement obligatoire de toute association. Il va sans dire qu’aucun groupe ouvertement LGBT n’est officiellement enregistré, pas même Amnesty International LGBT: «Si l’on fait une séance de travail, explique Slava, on ne le dit pas trop autour de nous. Et si la police débarque, on a pour consigne de leur dire que l’on fête un anniversaire!» Récemment, un des animateurs d’un groupe de jeunes gays, actuellement en plein développement, a écopé de six mois de prison ferme.

Dans ces conditions, il y a fort à parier que la police regarde d’un fort mauvais œil la tenue depuis le 17 avril d’un mois contre l’homophobie émaillé de meetings, ateliers, soirées et même des «actions dans la rue» prévues les 4 et 10 mai. Des événements qui risquent de valoir de sérieux ennuis à ceux qui y participent. «En tant qu’activiste, tu peux te retrouver à la rue du jour au lendemain, conclut Slava. Moi, j’ai sans doute choisi une voie dangereuse. Je ne ferai pas carrière en Biélorussie, mais j’ai une vie intéressante: je peux voyager, rencontrer des gens passionnants… Et pour moi, c’est plus important que d’avoir une voiture et une maison luxueuse. Alors je n’ai pas le sentiment de prendre un tel risque!»