«A gagner: une mère porteuse!»
Le poisson d'avril d'un site d'information LGBT allemand, promettant une grossesse pour autrui à un couple gay par tirage au sort, a suscité un fort malaise.
Les lecteurs de Queer.de se sont frotté les yeux hier. «A gagner: une mère porteuse!» proclamait la une du site d’information LGBT allemand. Sous la photo énigmatique d’une jeune femme, l’article annonce un concours en coopération avec l’agence Baby Equality. A la clé: une grossesse pour un couple gay, «d’une valeur de 36’000 euros».
Le «concours spécial» promet aux gagnants des «vacances de rêve en Thaïlande», où les attend une femme sélectionnée dans «un catalogue en couleurs de jeunes mères porteuses dont les prestations soutiennent leur famille souvent pauvre.» En prime, la grossesse peut être suivie via webcam en même temps que des cours de cuisine thaïe. Cerise sur le gâteau, une fois le bébé arrivé, les heureux papas se voient offerts un pittoresque trajet vers l’ambassade d’Allemagne en tuk-tuk
On ne sait pas si cette tombola a suscité beaucoup d’inscrits. En tout cas, ces derniers sont tombés dans le panneau du poisson d’avril de Queer.de. Mais la plaisanterie a causé comme un malaise, comme en témoigne les réactions sur le site et les réseaux sociaux. «C’est vraiment du niveau de l’AfD (ndlr: le parti populiste antigay Aleternative pour l’Allemagne)», a estimé un lecteur, tandis que d’autres qualifiaient la blague de «répugnante», «raciste» ou «misogyne».
Pas si invraisemblable
Le poisson d’avril était d’autant plus troublant que le Queer.de a fait la promotion d’agences étrangères spécialisées dans la gestation pour autrui (GPA), notamment dans un article de 2013 sur une clinique de Kaliningrad (Russie). La pratique est notamment légale en Ukraine, en Russie, en Inde et dans certains Etats américains, où des agences proposent des services tout-compris destinés à la clientèle gay internationale. A noter que ce n’est plus le cas en Thaïlande, après l’arrivée au pouvoir des militaires en 2014 et le scandale du petit Gammy. La GPA est interdite en Allemagne, comme en France et en Suisse, mais les enfants nés par ce biais à l’étranger peuvent être reconnus sous certaines conditions.
«Peut-être que la satire de ce poisson d’avril est très limite, mais l’est-il plus que la réalité?» a résumé un internaute. «On voulait lancer le débat sur la grossesse pour autrui, et il semble que ça ait marché», s’est contenté de réagir le rédacteur en chef de Queer.de, Micha Schulze.