Orban déroule le tapis rouge aux anti-LGBT
Le Premier ministre hongrois en personne a ouvert la réunion du Congrès mondial des familles, un groupe américain qui défend la «famille naturelle» à l'unisson avec Moscou.
Un accueil de première classe pour une organisation notoirement anti-LGBT. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a ouvert aujourd’hui à Budapest la 11e conférence du Congrès mondial des familles (WCF). Fondé aux Etats-Unis, cette organisation est classée comme «hate group» par le groupe antiraciste Southern Poverty Law Center. Au nom des «valeurs chrétiennes européennes», le WCF martèle son message en faveur de la «famille naturelle», contre l’avortement et le mariage pour tous. Il a ainsi soutenu la loi anti-«propagande gay» promulguée par le Parlement russe en 2013. D’ailleurs, l’organisation apparaît comme très proche de Moscou, et en particulier de l’Eglise orthodoxe, ainsi que d’oligarques affiliés au Kremlin, relève «The Guardian». Elle compte parmi ses soutiens Vladimir Yakounine, ancien président des Chemins de fer russes, engagé avec sa femme dans la lutte contre le péril «homoseuxaliste».
Sur cet axe ultraconservateur américano-russe, le Hongrois Viktor Orban semble tout à fait à son aise. Les autorités ont déroulé le tapis rouge aux 3000 délégués, invités au Parlement et dans d’autres hauts lieux du pouvoir. Dans son discours de bienvenue, le leader nationaliste a attaqué l’Union européenne et son «idéologie relativiste libérale, qui est une insulte à la famille». Il en a profité pour appeler ses concitoyens à faire plus de bébés, dans une Hongrie confrontée à une forte dénatalité.
«Ce ne sont pas des politiques conservatrices ordinaires, analyse Lorant Gyori, chercheur en sciences politiques basé à Budapest. Il y a un angle géopolitique qui voit la Russie et le Kremlin tenter de vendre leur message à la société européenne via des groupes comme le WCF.»
Bras de fer avec l’UE
L’événement s’inscrit en plein bras de fer avec l’UE. La semaine dernière, le Parlement européen a adopté une résolution s’inquiétant des atteintes à l’Etat de droit en Hongrie et appelant à des sanctions. Budapest a été épinglé pour ses mesures d’internement pour les migrants et ses restrictions aux libertés civiles, notamment ses efforts pour faire fermer l’Université d’Europe centrale, financée par le milliardaire américain George Soros.