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Rodrigo Duterte, l’hypermacho qui séduit les gays

Le favori à la présidentielle des Philippines, connu pour ses déclarations brutales, a su mettre dans sa poche la communauté LGBT émergente de l'archipel.

A 71 ans, il incarne l’espoir pour des millions de Philippins qui votent aujourd’hui pour la présidentielle. Rodrigo Duterte est l’ultrafavori du scrutin qui se joue en un tour dans ce pays majoritairement catholique de 103 millions d’habitants. Maire de la grande ville de Davao, Duterte s’est forgé la réputation de populiste musclé, qui fait de la lutte contre la criminalité sa priorité numéro 1. Les groupes de droits de l’homme l’accusent d’avoir favorisé l’essor d’escadrons de la mort auxquels ils prêtent des centaines d’exécutions extrajudiciaires.

Sa campagne présidentielle a été parsemée de déclarations tonitruantes contre la pègre («bonne à nourrir les poissons de la baie de Manille») ou sur les toxicomanes (si ses enfants l’étaient, il «les tuerait»)… Sans parler du tollé provoqué par sa blague sur une missionnaire australienne violée et massacrée dans sa ville, en 1989. Elle était si belle, avait-il dit, qu’il l’aurait bien violée lui-même. On connaît aussi sa fameuse tirade sur le pape, le «fils de pute» dont la visite à Manille avait provoqué des embouteillages monstres.

«J’ai été gay, mais je me suis reconverti»
Macho impénitent, homme à femmes, Duterte a su paradoxalement séduire la communauté LGBT, dont une partie mène une campagne enthousiaste pour lui, avec force t-shirts, casquettes et drapeaux arc-en-ciel. Il faut dire que le politicien sait parler à cette minorité. Dans sa ville de Davao, il a fait passer en 2012 une loi antidiscrimination qui cite les minorités sexuelles. Invité dans le show télévisé de Vice Ganda, humoriste transgenre, en 2015 il avait fait rire l’assistance en disant: «J’ai été gay, mais je me suis reconverti.» Il avait expliqué que dans sa jeunesse, il se faisait passer pour homosexuel… afin de plaire aux filles. Duterte a rebondi en s’exprimant contre le harcèlement homophobe à l’école, au nom de la «haine de l’oppression».

Plus récemment, «Rody» comme l’appellent ses fans, a critiqué le boxeur Manny Pacquiao – un véritable héros national – qui avait dit des gays qu’ils étaient «pires que les animaux». «On respecte la vraie femme et le vrai homme. Et si [mon fils ou ma fille] est au milieu… il est aussi une créature de Dieu», avait déclaré Duterte. Sans trop s’avancer, il a répété lors de meetings qu’il était favorable à un débat sur l’ouverture du mariage à tous les couples, une position qu’il partage avec une de ses principales rivales à la présidentielle, Grace Poe.

Évolution positive
«Duterte reste respectueux du choix des individus – hétéros ou gay, résume le militant gay Pidot Villocino. Nous saluons ses positions fermes contre les mesures et les lois qui nous discriminent nous-mêmes ou d’autres secteurs marginalisés.» Comparées aux pays voisins d’Asie du sud-est, les Philippines sont relativement libérales sur les questions LGBT. En 2014, 73% des Philippins pensaient que l’homosexualité devrait être acceptée par la société, selon l’étude de l’institut Pew, une hausse de 9% par rapport à 2002. Toutefois, le pays n’a pas encore de lois protégeant les minorités sexuelles ou reconnaissant les couples et les familles LGBT.