Bars & Clubs

Danse Macabre

Fribourg, ven 29 mars, 22:00
Culture

Dragâteloises, The Nerd Edition

Neuchâtel, sam 6 avril, 18:30
Bars & Clubs
#non mixte

Disco Ribelle ft. Sappho’s Drama

Berne, ven 5 avril, 21:00

«Ils n’ont même pas peur de ce qui se passe sous leurs yeux»

Deux réfugiés gay syriens ont témoigné pour CNN de leur désarroi devant les images présentées par la propagande de l'Etat islamique comme des exécutions d'homosexuels.

«Les gens se tiennent là et ils regardent sans rien faire. Leur expression est vraiment effrayante, parce qu’ils n’ont même pas peur de ce qui se produit sous leurs yeux. Pour un peu, ils seraient même excités ou peut-être contents de se débarrasser des homosexuels de la ville.» Ces paroles sont celles de Nour*, un militant gay syrien interviewé par la chaîne américaine CNN. Il revient sur les spectateurs des scènes d’exécutions publiques de prétendus homosexuels dont l’organisation Etat islamique s’est fait une spécialité, depuis cet automne.

Les diffusions de ces vidéos de propagande montrant des individus jetés depuis des toit d’immeubles de la région de Raqqa (Syrie) ou de Mossoul (Irak) se sont multipliées, depuis janvier, avec un fort retentissement médiatique. Deux nouvelles scènes, apparemment filmées à Raqqa, fief de l’EI en Syrie, ont émergé ces deux dernières semaines.

Répression d’Etat
La violence homophobe et la peur au sein de la société syrienne, Nour les connaissait déjà avant la guerre civile. «Le pire, c’était à l’école», raconte l’homme âgé d’une vingtaine d’années, «on m’interpellait dans la rue, ont m’insultait et parfois on m’agressait.» Aucune protection à attendre de l’Etat: dans la Syrie de Bachar al-Assad, le Code pénal prévoit jusqu’à 3 ans de prison pour homosexualité.

Nour a quitté le pays pour la Turquie en 2012, quand il a vu une vidéo montrant des décapitations d’hommes accusés d’avoir «ébranlé le trône de Dieu». Le «moment de vérité» pour le jeune militant. En effet, la phrase se réfère à une condamnation islamique de l’homosexualité: «Quand un homme monte un autre homme, le trône de Dieu vacille».

«Nos vies ne valent pas la peine d’être sauvées»
Nour avoue son désarroi. «Les LGBT ont besoin d’aide et de soutien. Nous avons essayé de mobiliser quelques groupes, des entités internationales, mais elles disent que les personnes LGBT en Syrie ne sont pas leur priorité. Cela voudrait dire que nos vies ne valent pas la peine d’être sauvées.» A défaut de pouvoir intervenir sur le terrain contrôlé par EI, l’ONG américaine International Gay and Lesbian Human Rights Commission a lancé une campagne de «Don’t Turn Away». Elle vise notamment à mobiliser les gouvernements occidentaux et le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU sur les questions de l’accueil et des conditions de vie des réfugiés LGBT.

Sami* a aussi fui vers la Turquie avec son compagnon, il y a quelques mois. Les deux hommes, qui vivent au milieu d’autres réfugiés, s’efforcent de cacher leur relation. Après avoir échappé à des tentatives de meurtres à Damas, ils continuent de sentir que leur vie ne tient qu’à un fil. Il raconte la réaction d’un de ses compatriotes en voyant les images d’hommes jetés du haut d’un immeuble. «Il a dit combien ça l’avait amusait, de regarder les homos. Tiens, les gays peuvent voler maintenant!»