Des prêcheurs de haine admis aux élections
Les fondamentalistes allemands de Christliche Mitte prônent la pénalisation des rapports homosexuels, selon eux une perversion criminelle. Malgré cela, ils ont obtenu le feu vert pour se présenter au Bundestag.
La Commission électorale allemande vient de rendre son verdict: 38 formations politiques seront autorisées à participer aux élections générales du 22 septembre prochain. Parmi elles, plusieurs sont plutôt folkloriques, des marxistes-léninistes aux ésotériques du Parti violet. Plus étonnant: un groupe prêchant ouvertement la haine a été retenu par les sages de la Commission, note le site LGBT Queer.de. Son nom: Christliche Mitte (CM, le «Centre chrétien»). Ce groupe d’inspiration catholique intégriste n’a rien à envier aux Frères musulmans et à leur obsession théocratique (même si CM est en croisade permanente contre l’«islamisation de l’Allemagne»). Il se revendique «pour une Europe suivant les commandements de Dieu» et dénonce pêle-mêle les féministes, l’avortement, le Reiki, la laïcité, l’immigration ou la persécution des Chrétiens d’Orient.
Gays «responsables de 6 millions de morts»
Mais la cible favorite de CM, ce sont encore les gays. Sur la page d’accueil de leur site, on découvre un choix de flyers. Le plus téléchargé à ce jour est intitulé «Connaissances scientifiques sur l’homosexualité». Il proclame que «l’homosexualité, ce n’est pas de l’amour». Les gays y sont décrits comme «atteints d’une dépendance pathologique au sexe», victimes «d’une recherche constante de nouveaux partenaires et donc d’un asservissement à la pulsion sexuelle». Le texte va plus loin: «Les homosexuels doivent répondre de plus de six millions de décès liés au sida, qu’ils ont sacrifié à la satisfaction de leur désirs contre-nature.» Pour Queer.de, ces textes signées de la pasionaria de Christliche Mitte, une certaine Adelgunde Mertensacker, relèvent de l’incitation à la haine et sont passibles de la prison.
Adoptée en 2005, la plateforme officielle du parti prône, plus sobrement, une forme de «protection pénale face à l’homosexualité». Une invitation à criminaliser à nouveau les rapports homosexuels entre personnes consentantes. Fondé en 1988, CM n’a jamais beaucoup brillé lors des élections fédérales. Aux dernières élections générales, le parti n’avait récolté que 0,02% des suffrages.
