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Homos, laïcité et Gangnam Style, causes de la tuerie de Newtown

Une semaine après le massacre de 26 personnes, dont 20 enfants, au Connecticut, prédicateurs et politiciens de l'ultradroite rivalisent d'imbécilités pour exploiter la tragédie.

Depuis longtemps, l’ultradroite religieuse américaine fait son miel des cataclysmes, désastres et calamités en tout genre. Leurs porte-parole adorent jouer les prophètes de l’Ancien Testament, rappelant comment l’Amérique impie a bien mérité les catastrophes dont elle est affligée. Avec un mélange d’obscurantisme et de cynisme stupéfiants, plusieurs d’entre eux ont ainsi avancé de fumeuses théories sur les causes du massacre de Newtown, où 20 enfants et six adultes ont trouvé la mort, le 14 décembre dernier.

La palme de l’indécence revient à un pasteur du Tennessee. Le révérend Sam Morris a estimé que le geste du meurtrier était le résultat de l’«humanisme» enseigné à l’école. Dans son collimateur: la théorie darwinienne de l’évolution. «Ce que cela enseigne, au fond, c’est que vous êtes un animal. Si vous êtes un animal, vous vous comportez comme un animal. Amen.» Au lieu d’enseigner les dix commandements, a-t-il a ajouté, l’école enseigne «le sexe, la rébellion contre ses propres parents, et comment être un homo». Et après tout, pourquoi pleurer sur «20 enfants abattus en un jour», quand les gens «se fichent comme de leur première chaussette des 4000 avortements pratiquées quotidiennement», a conclu ce sympathique prédicateur.

«Où était Dieu?»
Autre cinglé du petit Jésus, Bryan Fischer abonde. D’après le président de la furieusement homophobe American Family Association, les écoles sans Dieu et sans prière s’exposent à ce type de drame. «Beaucoup de gens demandent: ‘Où était Dieu (au moment du massacre de Newtown)?’, ‘Je pensais que Dieu se préoccupait des petits enfants?’. Eh bien, la question se résume à cela: Dieu ne va pas là où il n’est pas le bienvenu», a expliqué Fischer. Une opinion partagée par une pointure du Parti républicain: l’ex-gouverneur de l’Arizona et ancien candidat aux primaires républicaines Mike Huckabee. «Notre problème, ce ne sont pas les crimes, les armes ou la violence, a-t-il lancé sur un plateau de télévision. Notre vrai problème, c’est le péché». Et, selon Huckbee, ce n’est pas un hasard si la tragédie s’est déroulée au Connecticut, un des Etats qui ont légalisé le mariage homosexuel. Ce serait la preuve que les autorités locales sont prêtes à «sacrifier le bien-être des enfants».

Guerre contre Noël
On aura compris: la fusillade de Newtown est le symptôme d’un «effondrement moral et spirituel, pour lequel nous payons le prix fort». Et les symptômes sont nombreux, selon Franklin Graham, fils du télé-évangéliste Billy Graham. Il s’en prend aux shows télévisés lestes, aux films violents, à la culture du gaming, à la laïcisation des fêtes de Noël et… au matraquage par MTV du subversif (?) «Gangnam Style». Quand la Maison Blanche invite le chanteur sud-coréen Psy, auteur de textes souhaitant une agonie «lente et douloureuse»* pour les Américains, comment s’étonner qu’un ado massacre des enfants au fusil d’assaut?

Vous avez dit armes? S’il y a un aspect que les prédicateurs ultraconservateurs passent totalement sous silence, c’est bien celui-ci. Peut-être parce que la religion des armes, dont Adam Lanza aurait été un fervent adepte, rassemble des millions d’autres Américains.

* Au début des années 2000, Psy s’affichait avec virulence dans le mouvement contre la présence militaire américaine dans son pays, et contre la guerre en Irak. La star s’est excusée au début du mois pour certains de ses textes – trop tard, au goût de la droite américaine.