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La révolution discrète des LGBT mongols

Coincée entre la Chine et la Russie, la Mongolie voit émerger une petite communauté gay, lesbienne, bi et transgenre. Malgré intimidations et violences, elle témoigne d'un début d'ouverture.

2,7 millions d’habitants: la population de la région Midi-Pyrénées sur un territoire 35 fois plus grand. La Mongolie, avec ses immenses déserts et prairies, fait rarement la une des journaux. Or ce pays, longtemps coupé du reste du monde par sa dictature communiste, recèle une communauté gay qui émerge à peine. Le quotidien britannique «The Guardian» en livre un aperçu, qui débute dans l’unique rendez-vous LGBT d’Oulan-Bator, le 100% Bar. Le lieu est discret et sa porte bien fermée. Mais à l’intérieur la fête bat son plein: drapeaux arc-en-ciel entre les bouteilles de vodka et des hommes habillés à la mode qui s’étreignent dans la bonne humeur. La boîte fait partie de ces établissements destinés aux expatriés et à la classe moyenne qui fleurissent depuis que le pays enregistre un boom économique, après la découverte de vastes ressources minières.

Cette transformation brusque n’est pas du goût de tout le monde. Dans la grande ville, des croix gammées apparaissent sur les murs, tracés par des gangs d’extrême droite qui ont entrepris de combattre l’influence occidentale. Parmi leurs cibles privilégiées: les LGBT mongols. Unique organisation du pays, le Centre lesbien, gay, bisexuel et transgenre doit faire face à un harcèlement constants. Le groupe a même été victime d’une tentative d’enlèvement, il y a quelques temps. «La situation s’améliore, mais c’est toujours un pays dangereux pour les LGBT», note Robyn Garner, un des cofondateurs du Centre.

«Gay»: mot inconnu
Cela fait 10 ans que l’homosexualité n’est plus un crime dans le pays. Pour autant, défendre les minorités sexuelle n’y va pas de soi. De 2007 à 2009, les autorités ont refusé d’enregistrer le Centre sous prétexte que les mots «gay», «bissexuel» ou «transgenre» n’existaient pas en langue mongole. Il a fallu une intervention de la présidence pour faire admettre le groupe, qui plaide aujourd’hui pour une législation contre la discrimination et sensibilise la population à la différence au moyen de campagnes dans les médias. «La majorité du public croit qu’être gay, c’est juste une manière cool d’imiter les étrangers», relève Otgonbaatar Tsedendemberel, directeur du groupe.

«Les Mongols disent qu’il est trop tôt pour faire changer les choses. Ils ne réalisent pas que si l’on ne fait pas bouger les choses soi-même, le changement ne vient jamais», explique pour sa part Anaraa Nyamdorj, manager du 100% Bar. Mais cet homme transsexuel de 35 ans admet que des signes positifs se multiplient dans la société. Il raconte que récemment, il a reçu un coup de poing de l’ex de sa sœur qui avait découvert son identité de genre. Prenant son courage à deux mains, il est allé voir la police, accompagné de Tsedendemberel. Un officier qui patrouille dans leur secteur l’a immédiatement reconnu et s’est montré très attentif et poli, demandant aux deux trentenaire, le plus naturellement du monde, s’ils étaient ensemble. «Juste parce que je suis un mec et que je suis là avec un ami, il a supposé que j’étais gay, s’amuse Nyamdorj. Je me suis dit: C’est vraiment chou!»