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Nikolai Alekseev: un surdoué controversé

Héros des droits des LGBT russes pour les uns, électron libre pour les autres, le bouillonnant initiateur des Gay Prides moscovites a annoncé – à la surprise générale – son retrait de l'activisme LGBT.

Il a encore pris tout le monde court, dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans un message laconique sur Twitter et Facebook, Nikolai Alekseev a annoncé son retrait de la présidence du projet LGBT moscovite GayRussia. Il quitte également l’organisation de la Gay Pride de Moscou. «Il est vrai que j’en ai assez, c’est pourquoi j’ai décidé de démissionné», a-t-il écrit au site UK Gay News. Selon Nikolai Baev, qui assurera l’interim à la tête de GayRussia, ce sont des «raisons personnelles» qui ont poussé le militant à «changer d’activité et de style de vie».

Alekseev avait organisé sa sixième et dernière Pride en mai dernier. Comme les années précédentes, la manif avait été dispersée sans ménagement par la police au bout de quelques minutes, devant les caméras du monde entier. Plusieurs personnalités, dont Alekseev lui-même, avaient été arrêtées.

Actif dans la rue, le juriste et journaliste de 33 ans ne craignait pas non plus d’affronter les plateaux télé les plus hostiles. Et sur internet, Alekseev écrivait beaucoup. Et sur tout… au risque de créer le malaise quand il s’en est pris aux Juifs, à la justice américaine ou encore à la compagnie aérienne Swiss. Le transporteur avait été qualifié de «nazi» lors d’une protestation qui avait suivi son mystérieux enlèvement. En septembre 2010, Alekseev avait disparu pendant 48 heures, arrêté à l’aéroport alors qu’il était sur le point d’embarquer pour Genève, où il réside une partie de son temps.

Dans un autre registre, Lady Gaga en avait aussi pris pour son grade quand la star n’avait pas daigné le recevoir, à l’occasion de son show moscovite.

Méfiance
Même s’il a joui du soutien de personnalités internationales en pointe dans la défense des droits des minorités sexuelles, Alekseev suscite, en Russie même, une certaine méfiance au sein des organisations LGBT. Pour beaucoup, il tirait un peu trop la couverture à lui et utilisait volontiers l’intox et le dénigrement d’initiatives qui n’émaneraient pas de GayRussia ou de la Pride de Moscou.

L’hiver dernier, on avait ainsi assisté à une passe d’arme féroce entre lui et l’ancienne dissidente Ludmila Alexeyeva, une figure de proue du combat pour les droits de l’homme depuis l’ère soviétique. A la radio, quand on avait demandé si Alekseev et elle étaient parents, l’activiste du Groupe Helsinki (83 ans) s’était exclamée: «Heureusement, non! Non pas parce qu’il est gay, mais parce qu’il ment. J’en ai fait l’expérience moi-même.» Aux dernières nouvelles, Alekseyeva était attaquée pour diffamation.

«Où est le succès?»
Récemment interrogé par le site américain Global Post, Igor Yasin, du groupe Egalité trouve que l’acharnement médiatique de l’initiateur de GayRussia est contreproductif: «Oui les gens ont commencé à parler [des droits des gays], mais la manière dont ils en parlent est aussi importante. Et en l’occurrence, ils en parlent de plus en plus négativement. Alors où est le succès?» Alekseev n’est pas plus tendre avec Egalité, dont il a qualifié le dernier rassemblement, d’ «ennuyeux» et d’«échec complet». «Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’une Gay Pride, mais personne ne la veut sous le drapeau de Nikolai», résume un autre militant.