Douteuse «caution morale» LGBT à une mégafusion

Le principal lobby gay et lesbien a apporté son appui au rapprochement AT&T-T-Mobile, une transaction de 39 milliards de dollars. Mais que diable vient faire une organisation LGBT dans cette galère?

Une organisation de défense des droits des gays et des lesbiennes qui se met à militer pour la création d’un mastodonte des télécoms, il y a de quoi être perplexe. Même aux Etats-Unis. Ainsi, plusieurs blogs gay ont vivement réagi, hier, à la prise de position de l’Alliance gay et lesbienne contre la diffamation, la GLAAD, en soutien au rachat de la filiale américain de l’allemande T-Mobile par la firme américaine AT&T. Le tout pour la modique somme de 39 milliards de dollars.

«Facteur de justice sociale»
Quel rapport avec les revendications LGBT? Dans un argumentaire pour le moins fumeux, l’organisation avance que le développement d’un internet sans fil plus rapide est un facteur de «justice sociale». «Il y a un besoin d’étendre l’accès [au Net] de manière à ce que chacun dispose de moyens de communication abordables et efficaces», peut-on lire dans la lettre de la GLAAD adressée à la Commission fédérale de la communication . «En tant que représentants de communautés qui, historiquement, ont souffert de discrimination, nous sommes extrêmement sensibles quand certains segments de notre nation ne sont pas capables de participer pleinement à quelque chose que la majorité considère comme un acquis.»

Pas très convaincant, pour les observateurs de la politique LGBT aux Etats-Unis, qui interprètent plutôt cette soudaine solidarité avec AT&T par des soucis de sponsoring. Ils notent d’ailleurs qu’un cadre du géant des télécoms américain siège au comité de la GLAAD. Quant à l’accès à l’information, AT&T n’en est certainement pas le champion. Au contraire, le géant des télécoms US manœuvre actuellement afin d’instaurer un principe de tarification différenciée pour certains contenus, relève Queerty.com. De surcroît, comme le rappelle Towleroad, le géant américains des télécoms ne s’est pas illustrée par des positions particulièrement audacieuses sur les droits LGBT. Ainsi, à la fin du mois dernier, l’entreprise était parmi celles qui a soutenu un décret du gouverneur du Tennesse, censurant toute disposition antidiscrimination prises par des municipalités de l’Etat.