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Le crépuscule des vieux cons

Le crépuscule des vieux cons

Présentée au Théâtre du Grütli (Genève) dans le cadre de La Bâtie, la pièce de Yel K. Banto, Yan Duyvendak et Matthieu La-Brossard L’Âge de nos idées nous embarque sur la pente parfois savonneuse du conflit de générations, avec au passage une inattendue initiation au drag. Rencontre avec les interprètes.

Confronté à deux anciennexs étudianxtes Gen Z, un professeur boomer s’interroge: ses opinions seraient-elles illégitimes ou même coupables? En bref, est-il un vieux con? Pour avancer vers une compréhension mutuelle, il faut d’abord déconstruire l’ordre existant, sans évacuer les divergences, mais au contraire en les mettant sur la table. Dès lors, le dialogue et le débat s’épanouissent avec humour et poésie dans L’Âge de nos idées.

«Cette création a débuté par l’exploration d’une liste de sujets potentiellement clivants: la cancel culture, la mixité choisie ou le trigger warning», explique le prof à la Haute École d’art et design de Genève Yan Duyvendak, 59 ans. «Sur la base de cette partition, nous pouvons jouer sur nos accords et désaccords de façon concrète.»

Non-binaire dans tous les sens du terme

Tour à tour, chacun·e met en scène les deux autres. Impossible alors d’échapper à l’inversion du processus de transmission établi. «J’en ai marre de l’école, je veux ranger mon cartable, s’exclame Matthieu La-Brossard, qui fait éclater de rire ses deux complices. Pour elle, il est temps de sortir le professeur: «Il faut ouvrir l’espace et faire ensemble.» Le projet repose aussi sur le partage des compétences, des pratiques, des outils et des techniques. Une « dimension dialectale de la création», résume Yan, qui fait évoluer le projet «vers le non-binaire dans tous les sens du terme».

Cette dimension de permutation prend notamment forme dans une séquence centrée sur la notion de «première fois» fixée par vidéo. Matthieu y initie Yan au drag. Ici, c’est l’expérience qui est mise en avant, celle de marcher avec des talons, de se maquiller ou encore d’improviser un costume. C’est une pratique drag «de canapé», plus intime et aussi plus militante, très différente du cliché présent dans la culture populaire mainstream. Une découverte pour Yan.

Physicalité

Dans la pièce, la danse est un autre vecteur du dialogue entre Gen Z et boomers. Yel K. Banto explique: «La physicalité propre à chacun·e selon son identité et son âge occupe l’espace. Un espace ludique de rencontres où les différents mouvements cohabitent, jouent entre eux, s’harmonisent. On se taquine, on va au conflit, ou alors on fait ensemble.»

L’Âge de nos idées trace ainsi la voie vers une possible détente des rapports intergénérationnels… Comme un pied de nez aux vieux cons? Yan répond en souriant: «Jeune, je voyais les vieux comme des épouvantails pour me rappeler ce que je ne voulais pas devenir. Aujourd’hui aussi, car je n’ai pas envie de devenir aigri.» Mais la leçon vaut aussi quand on a 20 ans. Ainsi Yel veut «garder sa curiosité et rester disponible. Surtout, que mes idées ne se cristallisent pas!» Matthieu, elle, sait qu’elle est déjà «la vieille conne de quelqu’un… L’époque change si vite!»

L’Âge de nos idées, par la compagnie Dreams Come True: Yel K. Banto, Yan Duyvendak et Matthieu La-Brossard, du 10 au 14 septembre 2024 au Théâtre du Grütli. Dans le cadre de La Bâtie. Infos et billetterie: batie.ch