Lionstorm: confronter les genres et les moeurs

Lionstorm, c’est la collision brute entre le sexe et la rage, des sons tous uniques qui trouveront le coeur de chacun·e·x de tes potes pour votre playlist partagée, de la performance qui te fera bouger avec un peu de sang et beaucoup de cris. Alerte météo, le duo des Pays-Bas va rebalayer la Suisse depuis Lausanne au Romandie.
On a touxtes en tête un concert qui a bousculé quelque chose en nous, où il y a eu un avant et un après. Pour moi, c’était celui de Lionstorm au Lezart festival en août dernier. Depuis 2018, Ski et Stars travaillent d’arrache-pied à la création d’une oeuvre complète qui passe par la musique, la vidéo et la performance en mélangeant ce à quoi on ne s’attend pas mais en le faisant marcher.
L’amour comme point de départ
Tout commence par l’amour: “On a commencé à sortir ensemble après l’école de théâtre” raconte Ski. Là-bas, iels apprennent que tout communique quelque chose et l’appliquent dans leur musique, cherchant à “combiner des choses qui ne sont pas supposées aller ensemble pour transmettre quelque chose de nouveau” explique Stars. Virtuoses du mélange, iels explorent tous les genres musicaux, du reggaeton au hardstyle en passant par le métal industriel, avec des paroles qui évoquent la violence normative, le désir ou la sexualité.
Deux cerveaux, un univers commun
“On a nos propres goûts. Je viens du Suriname et j’ai grandi avec les rythmes du reggaeton par exemple. Stars m’a fait découvrir le métal, le punk…” précise Ski. “On a parfois des désaccords mais tant mieux. J’ai confiance en Ski, donc si iel me dit qu’iel n’aime pas le refrain ou qu’il faut changer quelque chose, c’est chouette car déjà ça veut dire que la chanson va être meilleure, mais aussi parceque je sais il y a une partie du public qui va préférer mes goûts et une autre qui va préférer les goûts de Ski. Le fait qu’on soit un duo, on peut être quelque chose de plus grand. Nos deux cerveaux peuvent toucher bien plus de gens qu’un seul.” ajoute Stars.
Des performances radicales et libératrices
A l’image de leur musique, leurs concerts sont des expériences uniques qui nous font passer coup sur coup d’un état à l’autre. “Quand on allait à des concerts, on se rendait compte qu’après 2 ou 3 chansons ça devenait assez vite monotone. En venant de ce milieu [du théâtre, de la performance], on savait ce qu’on pouvait faire avec les lumières, toutes les possibilités qu’offrent la scène” note Ski.
« On veut montrer qu’on ne peut pas censurer nos corps. »
“Certains hommes cishet recoivent une leçon d’humilité en venant à nos concerts. Notre nudité ne rentre pas dans le male gaze. On hurle, on crie, on saigne, on saute, on a des paroles sexuelles mais qui ne vont pas nécessairement leur parler comme decapitate me” ajoute Stars. Ski renchérit: “quand tu grandis en tant que personne queer, tu reçois toujours des commentaires du type, “oh j’ai envie de te voir embrasser une autre fille”. Alors on a décidé que maintenant tout se ferait en nos termes, qu’ils allaient devoir regarder notre sextape pendant notre concert. Et là, tout de suite ils vont devenir timides car ils ne sont plus en situation de contrôle. On veut montrer qu’on ne peut pas censurer nos corps.”
Le mur du shadow ban
La censure, iels la subissent cependant sur les réseaux sociaux, où le shadow ban rend leur clips invisibles et empêche le public de les retrouver. “Si tu n’écris pas lettre par lettre notre pseudo, tu ne nous trouves pas. Après des concerts, des gens venaient nous voir et nous demander pourquoi on était pas sur Instagram. Des agent·e·x·s ou des organisateurices ont cru qu’on avait même arrêté de faire de la musique” raconte Ski. Alors il ne leur reste plus que la scène pour s’exprimer.
