Genève

Elektrica Divaz vol. III

ven 21 février, 20:00
Berne

Xperience Swiss Fetish Weekend

ven 14 février - dim 16 février
Genève
#Humour

Extra Kitsch Comedy

mar 18 février, 20:00
Genève
#Théâtre

Los días afuera

jeu 27 février - sam 1 mars

«Mon moteur, c’est représenter les personnes queer dans le rap»

«Mon moteur, c’est représenter les personnes queer dans le rap»
Photo: Benny Tache

Personnalité hors norme du rap francophone, l'artiste genevois Dibby sera sur la scène du Groove de Genève, samedi, à l'invitation du festival Black Movie et de 360° Fever. Interview express.

Depuis ses débuts, en 2018, son flow se déverse au fil de titres qui intriguent, bousculent et galvanisent. Pédé, No Homo, Deep Throat… rares sont les textes qui, comme ceux de Dibby, mettent la chair et les sentiments à nu tout en évoquant son identité queer, dans ce style que le rappeur et beatmaker de 28 ans qualifie de très «niché», inspiré du rap d’Atlanta et de la trap. Mais c’est surtout par son incroyable énergie scénique que Dibby captive. Ce gamin des Pâquis devenu un artiste aux talents et aux envies protéiformes est de retour live, ce samedi 25 janvier, dans le cadre de Black 360, la soirée queer du festival Black Movie, avec en ligne de mire son nouvel album Hardcoeur, attendu cette année.

Te revoilà dans une soirée queer dans ta ville d’origine. Quel rapport entretiens-tu avec cette scène gay/queer romande?

Je viens d’un milieu rap, et les potes avec qui j’ai grandi, c’est des mecs hétéros qui écoutent du rap. Je suis beaucoup allé dans des soirées hip-hop, à la Gravière et au Bypass par exemple, avant de découvrir un peu du milieu gay. J’ai découvert ce monde surtout lors d’un long séjour à Londres. Au [mythique club gay, ndlr.] Heaven, j’étais méga surpris de voir s’éclater des lascars en sacoche Gucci… J’avais envie de leur dire: «Eh les mecs qu’est-ce que vous foutez là?!» Cette mixité, je la retrouve moins ici. On a encore quelque chose à développer…

C’est quoi le mieux? Se produire devant un public gay peu amateur de rap ou jouer devant un public rap peu amateur de gays?

Il y a trois types de public: les gens qui écoutent du rap, ceux qui kiffent ce que tu représentes mais pas forcément la musique et enfin ceux qui ont un point d’interrogation sur la tête. Mais les concerts où je suis le mieux accueilli, c’est avec des gens qui ne savent pas du tout quoi attendre: ni que je suis queer, ni que c’est du rap. En plus, maintenant, j’ai sur scène mon batteur et mon guitariste. Du coup, c’est un show presque rock. Les gens ont devant eux une énergie, et ils kiffent. Ou alors ils ont le point d’interrogation sur la tête…

Photo Sébastien Jaquet

Ce clash entre les deux mondes, queer et rap, c’est un peu ta marque de fabrique…

Avant de connaître quoi que ce soit de mes attirances je savais que j’aimais le rap. Quand j’étais petit, mes mentors c’était 50 Cent ou Lil Wayne. C’était dans les textes de Diam’s ou Booba que j’arrivais à me reconnaître. Alors, quand je me suis découvert comme queer, ça a fait un clash un peu chelou. J’en suis arrivé à me demander si je ne devais pas arrêter de faire du rap, parce que je n’avais plus ma place. Et puis je me suis dit: «Prends les codes du rap, prends ce que tu as appris avec les grands du quartier, et rappes ta réalité à toi.» C’est mon moteur, ce qui me donne envie de monter sur scène: représenter les personnes queer, faire qu’elles se sentent safe dans le milieu hip-hop.

Tu es inspiré par d’autres arts: la danse, le stylisme…

…Et l’acting – j’ai fait pas mal de théâtre. J’aime beaucoup être devant les caméras, j’ai le rêve au fond de moi de bouger un jour en Californie et de jouer dans des films. Je sais que ça arrivera tôt ou tard. Pour l’instant, c’est quelque chose que je mêle à mes clips et à mes visuels. Il y a aussi la danse, que je commence à inclure dans mes live. J’ai cette vision, que j’aimerais bien accomplir, de faire de la pole dance sur une de mes chansons. La passion pour la mode, elle, vient du hip-hop. Un temps j’étais très fan d’Asap Rocky, qui a mélangé ce côté fashion boy au côté rap. C’est là où je me suis posé la question de créer des vêtements.

Il y a presque une inspiration drag chez Dibby, non?

Le drag c’est quelques chose qui me touche moins. J’adore les gens qui le font, mais moi je n’arriverais pas à trouver un personnage. Et Dibby c’est déjà du boulot… Tu dois lui faire ses tresses, lui mettre les lentilles, et en plus le make-up! (Rires.)

Dibby (live) à la soirée Black 360 (festival Black Movie × 360° Fever), samedi 25 janvier au Groove, rue des Gazomètres 9, Genève. Plus d’infos sur la soirée et prélocations sur new.fever360.ch et dans l’agenda de 360°.