Créer un livre «qui nous rassemble et nous ressemble»

Voqueer lance un projet d'ateliers d'écriture queer animés par l'auteur Mathias Howald, avec en perspective la publication d'un livre collectif chez Paulette éditrice. Il s'agira, tout en partant de sa propre expérience, de faire communauté au-delà des identités et des générations. Aucun talent préalable requis!
La démarche, inédite dans une association LGBTIQ+ romande, démarre mercredi prochain, 29 janvier. Ce jour-là, le traditionnel Café Queer dans les locaux lausannois de Voqueer accueillera l’auteur Mathias Howald autour d’une proposition toute simple, «Racontons-nous!». Concrètement, le public de l’association est invité à participer à des ateliers d’écriture en vue de la co-création d’un livre collectif.
À l’origine, il y a le projet-pilote Seniors LGBTIQ+ de Voqueer (soutenu par la politique Vieillir 2030 du Canton de Vaud), et plus précisément son volet intergénérationnel, qui a donné lieu à des événements récents comme les fameuses Guinguettes Queer ou l’IDAHOBIT l’an passé. Au-delà de la convivialité, «Racontons-Nous!» s’inscrit dans le partage des récits de vie et des expériences. L’objectif est d’établir des connexions entre les luttes communautaires du passé et les expériences contemporaines des jeunes générations, comme l’explique Rubi Cortes Santander, coresponsable Travail social à Voqueer. «L’histoire de la communauté queer a été très effacée, c’est pourquoi il y a eu cette envie de créer notre histoire en tant que communauté. Et elle ne peut pas être écrite d’une seule plume.»
Autour d’un brunch
Mathias Howald se dit «très impatient» de démarrer les ateliers. «La visée communautaire me tient particulièrement à cœur: le but n’est pas d’écrire dans son coin mais de réunir nos textes afin de créer un objet qui nous rassemble et nous ressemble.» Les séances se dérouleront autour d’un brunch, sur des thèmes donnés tels que l’identité, les combats, l’amour… «Ces propositions seront les plus ouvertes possibles: on écrira des cartes postales à des proches ou des lettres à soi-même, des récits de vie ou des utopies queer.»
Rubi et Mathias insistent sur le fait qu’aucun talent littéraire préalable n’est requis. «Il était important que ce soit très démocratique, car on sait que d’habitude, l’écriture demande du capital social. On a soulevé aussi la question de la langue, on voulait que les personnes puissent s’exprimer dans la langue qu’iels souhaitent», souligne Rubi. «Les modalités mêmes de l’écriture favoriseront la transmission, indique Mathias. On pourra écrire sur soi à la troisième personne, raconter un épisode de sa vie à quelqu’un qui se chargera de l’écrire à notre place ou encore s’inventer des destins.»
Au bout du compte, il y aura un livre collectif qu’éditera Paulette éditrice. C’est un sacré pari non? «C’est surtout un beau défi! corrige Mathias. Comme j’adore travailler en collectif, je suis sûr qu’on aura beaucoup de plaisir à fabriquer cet ouvrage ensemble et je suis curieux de découvrir la forme qu’il prendra. J’espère qu’avec ce livre, on pourra transmettre aux générations futures une histoire vivante de nos communautés.»