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Wojciech Grudziński réincarne les danseurs effacés dans Threesome

Wojciech Grudziński réincarne les danseurs effacés dans Threesome
©Maurycy Stankiewicz

Dans Threesome, l’artiste et chorégraphe polonais Wojciech Grudziński convoque trois figures oubliées de la danse polonaise. Entre rituel queer, hommage aux corps disparus et acte politique, il brouille les frontières entre passé et présent, vie et disparition. Un ballet posthume et vibrant, présenté au Pavillon ADC.

Dans Threesome, Wojciech Grudziński partage la scène avec trois silhouettes disparues: Stanisław Szymański, Wojciech Wiesiołłowski et Gerard Wilk. Ces danseurs, actifs dans les années 1960-1980, ont marqué la danse polonaise autant qu’ils en ont été marginalisés pour leur homosexualité.
«Tout a commencé par des ragots que j’entendais enfant à l’école de ballet de Varsovie» raconte Wojciech. Plus tard, alors qu’il étudiait aux Pays-Bas, ces souvenirs sont revenus. «La distance m’a rendu plus curieux de mes origines et des danseurs dont les trajectoires ont façonné la danse polonaise.»
En revisitant leurs traces, il fouille autant la mémoire collective que son propre héritage.

Un ballet posthume et flou

Wojciech qualifie Threesome de «blurred posthumous ballet», un ballet posthume flouté. Il explique alors: «J’ai exploré des positions et des pas issus du répertoire classique, puis j’ai volontairement estompé cette technique très codifiée. Laisser la forme s’adoucir, s’ouvrir et accueillir d’autres significations m’a semblé essentiel et, en ce sens, je le vois aussi comme un geste politique.»
Ici, la technique académique devient terrain mouvant. Les pas ne visent plus la perfection, mais la transformation. Les gestes se dissolvent pour mieux faire apparaître l’invisible: les désirs, les absences, les récits que la discipline a tenté d’effacer.

Rituel queer et héritage folklorique

Avec le compositeur Wojtek Blecharz, Wojciech Grudziński convoque le Oberek, une danse traditionnelle polonaise, pour la plier à une sensibilité contemporaine.
«Intégrer cette forme folklorique dans un espace contemporain est devenu une manière d’honorer le passé tout en le transformant.» dit-il. «Et de revendiquer que cet héritage appartient également à la communauté queer.»
Ce geste de réappropriation inscrit le corps queer dans une lignée dont il a longtemps été exclu, transformant la nostalgie en puissance de réinvention.

Réincarner sans trahir

«Se réincarner sans trahir signifie laisser ces figures et ces histoires évoluer au sein de la performance sans chercher à les remplacer ni à parler en leur nom» confie Wojciech.
Dans Threesome, il ne s’agit pas de rejouer l’histoire, mais de lui offrir un espace d’écho. Le corps de l’artiste devient une archive vivante, traversée par les présences et les désirs d’autres vies.
Plus d’un an après sa création, Threesome continue d’émouvoir. «Cela fait plus d’un an depuis la première, et je suis reconnaissant que Threesome continue d’être présenté» dit Wojciech.
Chaque représentation devient un nouvel appel, une résurgence des corps oubliés et une façon de refuser la honte.

À voir au Pavillon ADC
Threesome de Wojciech Grudziński est présenté au Pavillon ADC à Genève du 4 au 5 novembre.
Une pièce programmée dans le cadre d’Emergentia, festival pour la création chorégraphique émergente réalisé par L’Abri, le TU – Théâtre de l’Usine et le Pavillon ADC. Programme complet sur emergentia.ch