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Enzo, une envie de se cogner au réel

Enzo, une envie de se cogner au réel
Eloy Pohu et Maksym Slivinskyi dans Enzo

Bouleversant film d’adieu sur fond de rupture sociale et d’éveil au désir homosexuel, ce quatre-mains de Laurent Cantet et Robin Campillo révèle le formidable Eloy Pohu en apprenti qui refuse de suivre une voie toute tracée.

Issu d’un milieu bourgeois intellectuel de La Ciotat, Enzo a choisi de faire un apprentissage de maçon. Contre toute attente, car cet ado de 16 ans, formidablement incarné par Eloy Pohu – une révélation – n’est manifestement pas un manuel. Maladroit, pas bien costaud, il traînasse, s’en fiche un peu. Cela énerve les autres ouvriers et son patron, qui décide de le ramener chez ses parents.

On découvre alors une famille vivant dans une luxueuse villa sur les hauteurs de la ville, avec piscine et vue sur la mer. Des parents aimants, surtout la mère ingénieure (Elodie Bouchez), cultivée, douce, indulgente. En revanche le père (Pierfrancesco Favino) a du mal à comprendre le choix de son fiston, qu’il considère comme un caprice. Enseignant universitaire, il voudrait qu’il continue ses études, à l’image de son frère aîné. La pression monte, les confrontations se multiplient.

Exilé volontaire dans sa propre famille

Ado mutique, un peu mystérieux, craignant l’échec et en manque de confiance Enzo n’a plus envie d’apprendre, de reproduire le modèle social. Exilé volontaire dans sa propre famille, refusant le système scolaire, il rompt avec cet environnement bourgeois où il étouffe. Rejetant une voie toute tracée, il a envie de respirer, de se cogner au réel, de devenir maçon. Il se sent bien, à sa place sur le chantier qu’il vit comme une utopie. Sa rencontre inattendue avec Vlad (Maksym Slivinskyi), un collègue ukrainien plus âgé, qui le trouble, va lui laisser entrevoir un autre avenir. Petit à petit, le jeune s’affirme dans sa volonté de construire sa propre vie.

Entre émancipation, transmission, déclassement, rupture, rapport de classe et rapport à l’identité sexuelle, ce touchant film d’initiation, beau, sensible et épuré, est à la fois le choc des mondes et la fusion de deux univers. Il vibre de la passion de Laurent Cantet pour l’adolescence, ses bouleversements et ses tourments. Le réalisateur d’Entre les murs, Palme d’or 2008, a écrit le film et aurait dû le réaliser lui-même, mais il est mort juste avant le tournage, en avril 2024.

Évoquant l’éveil à la sensualité, au désir homosexuel d’Enzo pour Vlad, ce long métrage présenté à Cannes porte la griffe de Robin Campillo (120 battements par minute), qui l’a coécrit et finalement tourné. «J’ai voulu le réaliser comme je pense, comme je sais. Il est certain que Laurent aurait fait une mise en scène différente, mais j’ignore où. L’important, c’est le plaisir d’essayer des choses. Je ne me suis pas posé beaucoup de questions».

Enzo, de Laurent Cantet et Robin Campillo (France, 1h42). Sortie dans les salles de Suisse romande le mercredi 18 juin. Des invitations pour deux personnes, valables dans toutes les salles de Suisse romande, sont à gagner. Inscrivez-vous au tirage au sort!

Distribution: Agora Films