Amours queer face aux interdits dans l’Amérique des fifties

Avec Les Indomptés, drame existentiel, sensuel et sexuel, le réalisateur Daniel Minahan suit les parcours entrecroisés de personnages en quête d'identité, de liberté et d'émancipation.
Plongée dans l’Amérique des années 1950 avec Daniel Minahan! S’inspirant du roman à succès On Swift Horses de Shannon Pufahl paru en 2019, le réalisateur (connu pour des épisodes de séries cultes The L Word, Six Feet Under, The Newsroom ou encore Game Of Thrones) se penche sur les destins queer de l’époque: des êtres vivant dans la crainte de dénonciations et de poursuites allant jusqu’à l’emprisonnement.
Dans cette fresque romantique et historique, Daniel Minahan suit les parcours entrecroisés de différents personnages. Il y a d’abord ces jeunes mariés, Muriel (Daisy Edgar-Jones) et Lee (Will Poulter), qui s’apprêtent à quitter leur rustique Kansas natal pour une nouvelle vie plus brillante en Californie. C’est alors que débarque Julius (Jacob Elordi), frère de Lee, flambeur charismatique à la beauté fatale, démobilisé de la guerre de Corée en raison de son homosexualité. «Il n’est pas comme nous», dit Lee à Muriel, sans se douter de la suite des événements.
Relations clandestines
Mais alors qu’on voit un triangle amoureux se former, Julius décide de quitter le couple et de mettre le cap sur Las Vegas, où il rencontre Henry (Diego Calva), jeune immigré mexicain avec qui il entame une bouillante relation clandestine. Tout en se livrant à des ébats torrides, ils montent une dangereuse arnaque au casino. De son côté Muriel, perturbée et en quête d’indépendance après le départ de Julius, se découvre une passion pour les paris hippiques et libère ses pulsions dans les bras de son audacieuse voisine Sandra (Sasha Calle).
Avec Les indomptés, drame existentiel sensuel et sexuel, Daniel Minahan explore, sur fond de rêve américain, les tabous, la culpabilité, les tentations refoulées, les désirs inavoués mais assouvis dans un farouche besoin de liberté. Son univers rappelle celui des inoubliables Carol de Todd Haynes ou Brokeback Montain d’Ang Lee, mais se révèle moins bouleversant et vibrant. Principalement en raison d’une structure éclatée, Muriel et Julius vivant une romance platonique à travers les rapports de l’une et de l’autre avec un partenaire du même sexe.
Photographie et reconstitution soignées
Le film ne manque cependant pas d’atouts, séduisant par sa belle photographie, sa reconstitution soignée des années 1950, et surtout par la prestation de ses protagonistes. Ils sont tous excellents, à commencer par Daisy Edgar-Jones (Muriel), actrice britannique qui s’est fait connaître grâce à la série Normal People. Elle est magnifique d’intensité, de sensibilité et d’émotion contenues dans son aspiration à un rôle plus exaltant que celui d’épouse aimante au foyer.
On en dira autant de l’Australien Jacob Elordi, notamment vu en Elvis dans le mélancolique Priscilla de Sofia Coppola. Nettement plus convaincant que dans son incarnation assez plate du King, il apparaît aussi fascinant que follement sexy en joueur accro au risque et hanté par ses démons. Avec son look à la James Dean, dont il avoue être super fan, il pourrait bien faire de l’ombre à un certain Timothée Chalamet.