Festival de la Cité 2025 : relève queer en ébullition

Chaque été, la vieille ville de Lausanne se transforme en terrain de jeu géant pour artistes, freaks, poètes et cool kids fatigué·e·x·s mais toujours prêt·e·x·s à danser. Le Festival de la Cité revient, et cette année encore, il secoue les vieux cailloux de la cathédrale avec une prog’ qui sent la rage douce, les paillettes moites et la subversion joyeuse.
Dès le crépuscule, en juillet et ce depuis 1972, on dévale les escaliers de la vieille ville pour se perdre entre une after techno, un poème scandé contre les fachos, une pièce sur les masculinités blessées et un DJ set reggaeton où les basses transcendent le collectif. Il y en a pour touxtes au Festival de la Cité 2025: c’est très queer, c’est gratuit, et on s’y sent moite comme au meilleur de l’été.
Corps doux, théâtre dur, joie subversive
Cette année, la prog’ arts vivants tape fort. Pas « fort » façon gros bras qui hurle dans une mise en scène absurde. Plutôt « fort » façon: à te tirer les larmes, de rire, de joie, de rage, et on panses collectivement nos traumas avec plein de gens que t’as jamais vus, mais que t’as l’impression d’aimer déjà un peu.
Dans Armour du duo Arno Ferrera et Gilles Polet, trois mecs cis performent avec acrobatie une tendresse virile pleine de poésie. Ils se portent, se renversent, se soignent, tout en douceur, loin des clichés virilistes. C’est beau comme un câlin non sollicité mais nécessaire (et consenti).
Plus loin, à La Perchée, le collectif Foulles et l’historien Clovis Maillet revisitent le Moyen Âge avec Medieval Crack. Tu pensais que les chevaliers étaient tous des machos en cotte de mailles ? No way. Y’avait des queer parties dans les monastères, et ce spectacle vient te le rappeler, avec érudition, humour et un bon paquet de glitter mental.
Et puis il y a Lou Lepori. Avec Insuline, iel t’attrape par les tripes et ne te lâche plus. Ça parle de diabète, de mémoire queer, de famille, de violence sexuelle, de douleur – dit comme ça, c’est lourd, mais en vrai ? C’est lumineux. Comme si PJ Harvey avait lu Virginie Despentes et s’était mise à hurler en robe longue sur fond de piano.
Poésie queer, rage sociale et cold wave
Niveau son, oublie ta playlist « Chill Vibes ». Ici, on est dans la rage dansée, la cold wave politique, le reggaeton radical et les synthés qui pleuvent des paillettes.
Laurène Marx débarque avec Le soleil se lève aussi pour les cassos, une prière punk pour les queeros précaires. Avec Rok & Dudu, iels transforment la scène en agora furieuse où les mots tapent juste, et les sons naviguent entre cold wave, new wave et variété fêlée.
FIAH MIAU, elle, envoie tout valser dans un grand fracas argentin entre reggaeton, techno, eurodance et Latin Core. Chaque morceau est une claque, t’as envie de faire la révolution en crop-top.
Et puis le talu, pépite venue de Belgique, entre ASMR érotique, cloud rap et pop triste. Iel parle d’amours chelou·e·x, de burn-out social et de spleen queer, le tout saupoudré d’autotune qui fait battre le cœur.
Afters à Tridel: entre rave et fureur
Les afters de Tridel? C’est là que les vrai·e·x·s de la cité se retrouvent. Dans une usine moite comme un sauna rave bercée par les stroboscopes, les nuits deviennent politiques, les corps des armes, et les BPM les fruits de la révolution.
Vendredi Yajaira La Beyaca & Genosidra cassent tout avec un reggaeton mutant, une performance magnétique et un déhanché qui enclenche la rébellion. Suivi de rEmPiT g0dDe$$ qui nous balance une rave futuriste aux sonorités d’Asie du Sud-Est – un chaos sonore entre rituels malaisiens, basses abyssales et féminisme cyberpunk.
Et si t’as envie de t’élever un peu (au sens mystique du terme)
Cole Pulice, c’est la pause astrale. Jazz ambient queer, entre saxophone et synthétiseur à vent, dans un lieu sacré. C’est comme pleurer dans un bain de mousse en pensant à ton ex – sauf que là, tu partages la vibe collectivement, et ça résonne en écho dans toute la cathédrale.
Et dans le même mood, Tony Njoku t’invite à flotter dans ses nappes sonores : compositions expérimentales, falsetto désarmant et textures électroniques comme autant d’odes à la fragilité. Le tout, ancré dans un héritage afro-diasporique et une volonté de déchirer les rideaux du classicisme blanc.
IT’S NOT juste un festival
C’est une semaine de chaos poétique, un condensé d’émotions qui résonne avec le climat politique délétère du moment et qui nous permet de se retrouver pour exorciser tout ça ensemble.
En bref tu peux y aller les yeux fermés et te laisser porter. On aurait encore bien plus de recommandations, mais malheureusement nos caractères sont limités.