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Tyler Mitchell entre rêve et mémoire à Lausanne

Tyler Mitchell entre rêve et mémoire à Lausanne
Tyler Mitchell Albany, Georgia, 2021. ©Tyler Mitchell. Courtesy of the artist and Gagosian Gallery

Avec Wish This Was Real, Photo Elysée à Lausanne accueille jusqu’au 17 août 2025 la première exposition personnelle en Suisse de Tyler Mitchell. Photographe de mode devenu figure majeure de l’art contemporain, Tyler Mitchell explore la jeunesse noire, la mémoire et les territoires intimes à travers des images puissantes et profondément poétiques. Une exposition bouleversante, qui voyagera ensuite à Paris à l’automne.

Tyler Mitchell a vu le jour à Atlanta en 1995. Rien ne le prédestinait forcément à devenir l’une des figures montantes de la photographie contemporaine. Adolescent, il filmait ses ami·e·x·s skateur·se·x·s dans les rues, bricolait des vidéos, explorait Tumblr, absorbait tout ce que la culture visuelle d’Internet, la mode et le cinéma indépendant avaient à offrir. Ce regard, forgé hors des circuits traditionnels, l’a mené jusqu’à la prestigieuse Tisch School of the Arts, à New York. En 2018, à seulement 23 ans, il signe un tournant historique en photographiant Beyoncé pour la couverture du Vogue américain.

Mais au-delà de ce moment historique, Tyler Mitchell construit depuis près de dix ans une œuvre où la beauté, l’histoire et la tendresse dialoguent. Ses photographies – exposées aujourd’hui dans les plus grands musées du monde, mêlent portrait, installation textile, nature morte et vidéo dans un univers où la représentation des personnes noires devient acte de puissance, de soin et de rêve.

Une exposition immersive à Lausanne bientôt à Paris

Présentée jusqu’au 17 août 2025 à Photo Elysée à Lausanne, Wish This Was Real est la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en Suisse. Après Berlin et Helsinki, elle voyagera ensuite à Paris cet automne. Organisée par Brendan Embser (Aperture) et Sophia Greiff (C/O Berlin) en collaboration avec Tyler Mitchell Studio, elle propose un parcours dense et sensible, structuré autour de quatre grands ensembles: Lives/Liberties, Postcolonial/Pastoral, Family/Fraternity et Altars/Acres.

@Khashayar Javanmardi (CO Berlin)

L’exposition à Photo Elysée donne à voir un univers d’une grande cohérence. Entre photos, vidéos, textiles suspendus et installations, Tyler Mitchell déploie une vision du monde où les corps noirs respirent, s’aiment, prennent le temps. Il puise dans une mémoire collective, fait résonner son travail avec celui d’artistes comme Gordon Parks ou Carrie Mae Weems, mais reste solidement ancré dans le présent. Ce qui se joue ici, c’est un futur qu’il façonne image après image: tendre, puissant, et farouchement désiré.

Portraits, paysages et récits d’émancipation

Dans Lives/Liberties, Tyler Mitchell revient à ses premières images: des jeunes filmés dans des moments d’insouciance, de jeu, d’amitié. C’est un espace de liberté où les gestes anodins – s’allonger dans l’herbe, faire du skateboard, rire ensemble – deviennent des affirmations politiques dans une Amérique marquée par les violences raciales.

Avec Postcolonial/Pastoral, Tyler Mitchell explore le lien à la terre. Inspiré par les paysages de Géorgie, d’Angleterre ou d’Upstate New York, il propose une relecture visuelle de la tradition pastorale. À l’opposé des représentations idéalisées déconnectées de l’histoire, Tyler Mitchell ancre ses images dans une mémoire marquée par la ségrégation et l’héritage colonial – tout en réaffirmant la joie, la beauté et l’autonomie.

L’intimité comme territoire de résistance

La série Family/Fraternity déploie une série de portraits intimes, pris à Brooklyn, où la maison devient sanctuaire. Avec une esthétique inspirée de la photographie vernaculaire, Tyler Mitchell honore les rituels quotidiens, les héritages familiaux et la force collective. On pense à Gordon Parks, à Deborah Willis, mais surtout à cette capacité de Tyler Mitchell à raconter la puissance discrète de l’intime.

Au centre de l’exposition, Altars/Acres célèbre les dialogues artistiques entre générations. L’espace devient un autel commun où se rencontrent textiles, photographies, vidéos et sculptures. Tyler Mitchell y met en lumière une culture noire profondément ancrée dans les matières, la mémoire et le corps.

Le souffle d’un rêve lucide

Impossible de ne pas être ému face aux court-métrages de Tyler Mitchell. En particulier, Wish This Was Real (2015) m’a bouleversé. Les voix off, les gestes ralentis, l’atmosphère suspendue m’ont plongé dans un état de fragilité lumineuse. Tyler Mitchell ne propose pas une échappatoire naïve, mais une utopie lucide, construite à la force des images. Ses œuvres ne revendiquent pas, elles enveloppent. Elles protègent.

L’exposition Wish This Was Real est à découvrir jusqu’au 17 août 2025 à Photo Elysée à Lausanne. Pour prolonger l’expérience, Tyler Mitchell a concocté une playlist Spotify immersive: à découvrir ici!