Un autre Baier

Enfant terrible du cinéma helvétique, Lionel Baier revient avec Un autre homme, une fable acide sur l’univers des médias.

Installé avec son amie à la Vallée de Joux, François se voit proposer de rédiger des articles sur les films projetés au cinéma du coin. N’ayant pas d’avis sur les films qu’il voit, ni sur la vie en général, il copie les articles d’un journal français spécialisé. Il pénètre alors dans le monde du journalisme, et entame une relation avec la responsable de la rubrique cinéma d’un grand quotidien, tout en s’enfonçant dans le mensonge…

Nouveau film, nouvelle approche pour Lionel Baier, qui disparaît de l’écran après un plan initial où le réalisateur ouvre le champ de la caméra en ôtant la neige du pare-brise d’une voiture. Pas de thématique homosexuelle, ni d’élément clairement autobiographique, donc, et un Lionel Baier qui fait le choix, pour la première fois, du noir et blanc – choix qui procure au film un aspect à la fois classique et rétro.
Baier nous avait habitués à suivre un cheminement émouvant, à la rencontre d’un être humain – une thématique récurrente dans les films du réalisateur. Or Un autre homme suit les faits et gestes de personnages pour lesquels on n’éprouve pas une forte empathie. Par contre la sensualité, qui fait aussi partie du cinéma de Baier, est bien présente à travers le scénario et quelques scènes d’amour durant lesquelles le réalisateur prend un plaisir évident à filmer le corps (définitivement cinégénique) de Robin Harsch, son comédien principal, par ailleurs très juste. L’humour est aussi bien plus présent qu’à l’accoutumée, faisant de ce nouveau long-métrage une satyre subtile de l’univers des médias.

Un autre homme, de Lionel Baier. Dès le 14 janvier sur les écrans romands.