Bars & Clubs

Everybody aux Bains

Genève, jeu 12 octobre, 18:00
Agenda
#Cinéma

Everybody’s Perfect

Genève, ven 6 octobre - dim 15 octobre
Culture
#Drag

Sasha Velour, The Big Reveal Live Show

Genève, jeu 26 octobre, 19:00

Territoires préoccupés

Réalisateur israélien né à New-York, Eytan Fox explore dans ses films la thématique de l’identité masculine dans la société israélienne, en lien notamment avec l’homosexualité et le rapport au conflit moyen-oriental. Rencontre, à l’occasion de la sortie de son nouveau film, The Bubble.

Après «Yossi et Jagger» (2002), une histoire d’amour entre deux officiers, et «Tu marcheras sur l’eau» (2004), réflexion sur les liens entre Allemands et Israéliens, descendants de la génération de l’après-guerre, Eytan Fox présente «The Bubble», son nouveau long-métrage qui sort enfin en Suisse romande.

Pensez-vous que la perception des gays ait évolué en Israël ces dernières décennies ?
Eytan Fox : Elle a énormément changé. Quand j’ai déménagé de Jérusalem à Tel-Aviv, après mon service militaire, j’ai réalisé qu’un autre monde existait. Cela restait assez petit, clivé, et un peu oppressant… mais cela s’est formidablement ouvert. Et je pense que la façon dont le monde gay a évolué en importance et en visibilité reflète le changement de la société israélienne. Mais en disant cela, je dois ajouter que cela est valable surtout pour les Juifs israéliens, mais que cela n’est pas complètement le vrai pour les Arabes en Israël ni pour les Palestiniens, et je trouve assez triste que cette dichotomie existe.

Le cinéma a-t-il contribué à faire évoluer les mentalités ?
Bien sûr, de plus en plus de personnages gays apparaissent dans les films et les séries télé, mais c’est un ensemble de forces qui a provoqué l’évolution. Ce sont surtout les jeunes qui ont fait changer les choses, en disant «Nous ne voulons plus vivre comme nos parents, dans un monde fermé, macho, homophobe, nous voulons un monde plus ouvert, progressiste, capable d’intégration… »

Comment le film a-t-il été accueilli?
Certaines personnes ont exprimé des sentiments mêlés par rapport au film, avec toutes sortes de réactions : trop gay, pas assez gay, trop de gauche, pas assez de gauche. Le film est sorti en Israël en juillet 2006, la guerre au Liban venait de commencer, c’était un moment terrible, et des gens avaient un regard assez négatif sur Tel-Aviv. Ils disaient: ‘Le pays est en guerre, et vous, vous continuez de sortir en boîte et d’avoir vos petites vies personnelles…

The Bubble est-il un film autobiographique ?
Les personnages me représentent en de nombreux points, en plus jeune, puisque je n’ai plus 22 ou 24 ans, j’en ai 42, mais j’y ai mis beaucoup de mon énergie, de mes sentiments, de mes pensées. Et certaines scènes sont totalement autobiographiques, comme celle où la mère israélienne et la mère palestinienne tentent de créer un terrain de jeu commun pour leurs enfants, cela est totalement tiré de ma vie !

Y a-t-il une part de culpabilité pour de jeunes tel-aviviens à rechercher l’hédonisme dans un pays en plein conflit ?
Il y a un besoin d’échapper à la dure réalité de nos existences! Pour les jeunes en particulier: ils vont à l’armée à 18 ans, ils y passent trois années de leur vie, au lieu de sortir en club, de faire leurs expériences d’amour, de sexe, de musique. Ils sont impliqués dans la guerre, l’occupation, des choses terribles qu’ils n’ont pas choisi de vivre. Pendant les week-ends ou à la fin de l’armée, tout ce qu’ils veulent, c’est faire n’importe quoi pour échapper à cela: musique, parties, sexe, drogues…

Vous sentez-vous plus proche de l’un ou l’autre des personnages du film ?
Je me sens plus proche de Noam, (le personnage qui vit une relation avec un Palestinien), qui est un peu mon alter ego, mais je pense que si l’on travaille d’une façon authentique et profonde, on met de soi-même dans chaque personnage.

The Bubble (Ha-Bu’ah – Israël, 2006) de Eytan Fox. Dès le 24 octobre sur les écrans romands

Une bulle d’insouciance

«D’après vous, qu’est-ce qui attend un kamikaze gay lorsqu’il arrive au ciel, 70 jeunes vierges ou 70 étalons musclés? Vous pensez qu’il peut choisir?», ironise Yali, donnant le ton d’un film, oscillant entre humour et désespoir. Lulu, Yali et Noam, trois jeunes israéliens, partagent un appartement dans l’effervescente rue Sheinkin, au cœur d’un quartier branché de Tel-Aviv. Les récits entremêlés de leurs vies, entre petits boulots, relations amoureuses et participation à la vie festive et pacifiste de la ville, composent un tableau qui contraste avec les situations de violence, de peur et d’incompréhension présentes à quelques kilomètres de là. Lorsque Noam tombe amoureux d’Ashraf, Palestinien de Naplouse, de nouvelles confrontations apparaissent et la bulle d’insouciance qu’ils ont créée finit par éclater.