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Thriller érotico-gore

Dans «l’Amant double» François Ozon explore les tréfonds noirs et pervers de l’âme humaine en mettant à nu Marine Vacth et Jérémie Renier.

Une coupe de cheveux, une visite gynécologique, une plongée dans un vagin qui palpite… Le ton est donné et la température s’annonce tout de suite élevée pour L’Amant double de François Ozon. Auteur prolixe et grand habitué de la Croisette, le réalisateur français était en compétition lors de cette 70e édition. Dans le rôle titre, la belle Marine Vacth. Quatre ans après «Jeune et jolie», elle interprète Chloé, une femme fragile et dépressive. Tourmentée par des maux de ventre, elle décide d’entreprendre une psychothérapie et ne tarde pas à tomber amoureuse de son psy, Paul, incarné par l’acteur belge Jérémie Renier.

C’est réciproque. Quelques mois plus tard les deux amants s’installent ensemble. En rangeant des cartons, Chloé met par hasard la main sur un mystérieux passeport dont la photo ressemble furieusement à Paul et pense qu’il lui cache des choses. Le voyant parler avec une femme, elle imagine qu’il la trompe jusqu’au moment où elle découvre qu’il a un frère jumeau, Louis, également psychiatre avec qui il est brouillé depuis dix ans. Prenant rendez-vous avec lui sous un faux nom, elle devient sa maîtresse. Pensant à l’un lorsqu’elle est avec l’autre au cours de scènes torrides, elle est déchirée entre deux personnages physiquement identiques aux personnalités antagonistes.

Pour son vingtième long-métrage, thriller érotico-horrifique, François Ozon n’hésite pas à mettre ses protagonistes à nu, au propre et au figuré. Explorant les tréfonds noirs et pervers de l’âme humaine à travers des personnages redoutablement névrosés, le cinéaste s’est inspiré d’un polar noir paru en 1987, de Joyce Carol Oates, alias Rosamond Smith, «The Lives of the Twins» («L’amour en double» en français). «J’étais d’autant plus séduit par l’intrigue qu’elle avait utilisé un pseudonyme pour l’écrire. Il y a déjà là l’idée du double», déclare l’auteur. «J’en ai toutefois réalisé une adaptation assez libre, en inventant par exemple une fin inexistante dans le livre, en changeant la profession de la fille qui passe de mannequin à gardienne de musée chez moi. Et bien sûr je l’ai transposé en France», explique François Ozon, qui a accepté de livrer quelques réflexions sur son dernier opus à 360°.

– Pourquoi cette folie du double dans un thriller plutôt gore?
– Nous sommes tous différents selon qui nous fait face, nous avons des identités multiples. Cela contribue à la richesse d’une personnalité. Dans mes goûts je suis très éclectique. Ce qui m’intéresse dans un film c’est la narration et la façon de lui trouver une forme adéquate. J’adapte mon récit au sujet que je traite. Par exemple dans «Frantz», mon film précédent, je suis beaucoup plus classique. Là j’avais envie de jouer avec le film d’horreur. Évoquer le suspense, la manipulation. Créer une tension permanente, un effroi, un malaise. J’ai essayé de retrouver cette angoisse qu’on aime. C’est une sorte de catharsis. On se fait peur, comme les enfants.

– Vous allez loin dans les fantasmes de votre héroïne.
– Cette histoire m’y pousse effectivement. Elle a des rêves de meurtre. Les fantasmes et les rêves révèlent la vérité des gens. Cela permet de mieux les cerner. On pense que le mal vient de l’extérieur. En réalité il est en nous.

– Vous avez choisi de retravailler avec Marine Vacht. Votre nouvelle muse?
– Je me suis très bien entendu avec elle. Pour Jeune et jolie, je l’ai filmée un peu comme dans un documentaire. Avec L’amant double, elle est devenue une vraie comédienne. Je l’ai vue éclore, elle montre ses talents d’actrice. C’est une fille très équilibrée, très mûre pour son âge. Après en avoir fait une prostituée et une folle, je pourrais peut-être lui proposer un rôle plus normal…

– En ce qui concerne Jérémie Renier, c’est la troisième fois que vous collaborez après Potiche et les amants criminels. Était-ce difficile pour lui d’endosser ce rôle délicat de personnalités identiques et antagonistes?
– Oui, c’est compliqué, mais tous les acteurs rêvent de jouer des jumeaux. Jérémie était ravi, mais également anxieux de savoir s’il serait aussi bon dans les deux caractères. Sa nature le porte en effet plutôt vers le personnage de Paul, l’élément gentil que vers celui de Louis, son exact contraire. En même temps, il a sa part d’ombre. Comme tout le monde.

– Et qu’en est-il de la vôtre? Où la dissimulez-vous?
– Dans mes films. La gémellité, c’est fascinant, mais c’est également angoissant d’être face à un miroir. Je me supporte déjà difficilement en simple exemplaire. Alors en double, vous imaginez…