Bars & Clubs

Le Temple: Fusion

Genève, sam 6 avril, 23:00
Culture
#Musique

Rodrigo Cuevas

Cully, sam 6 avril, 19:30
Bars & Clubs

Danse Macabre

Fribourg, ven 29 mars, 22:00

L’irrépressible quête d’être une autre

«The Danish Girl» de Tom Hooper raconte le parcours du premier homme connu à avoir subi une opération pour changer de sexe. Joli, mais peu convaincant.

Plébiscité en 2011 pour «Le discours d’un roi», qui l’a révélé au grand public, le réalisateur britannique Tom Hooper s’est replongé dans l’époque avec «The Danish Girl». Il retrace cette fois la singulière histoire vraie des peintres danois Gerda Wegener et de Lili Elbe, née Einar Wegener, le premier à voir subi en 1930 une opération chirurgicale pour changer de sexe. A l’origine de cette décision périlleuse, une demande de Gerda qui, pressée de terminer un tableau en l’absence de son modèle, prie son mari d’enfiler ses bas, ses chaussures et sa robe. L’épisode marque le début d’une longue transformation.

Troublé par cette expérience, Einar découvre qu’il se sent davantage lui-même en Lili et éprouve de plus en plus le besoin d’affirmer cette identité féminine. Il permet par ailleurs à Gerda, jusque-là portraitiste mondaine peu inspirée et reconnue, contrairement à lui, de mieux exprimer sa créativité. Mais le couple, qui poursuit sa relation amoureuse, est rapidement confronté à l’opprobre et aux interdits d’une société conservatrice. Tous deux quittent le Danemark pour Paris en 1912, en espérant y vivre plus librement. Gerda se fait un nom grâce à ses illustrations sensuelles, érotiques, provocatrices, révélant souvent une belle et mystérieuse créature… En 1930, Lili se rend en Allemagne pour son opération. Mais les dangers de la chirurgie étant alors très élevés, elle meurt un an plus tard après cinq interventions et un rejet de greffe d’utérus.

Identité sexuelle ardemment souhaitée
Eddie Redmayne se glisse avec talent dans la peau du personnage. On pourrait lui reprocher une gestuelle maniérée et une affectation excessive, si ses minauderies ne cachaient pas avec justesse la gêne et le malaise d’une identité sexuelle ardemment souhaitée mais aussi difficile à investir pleinement qu’à assumer, surtout en public. Nominé, le comédien vise l’Oscar du meilleur acteur, tandis que l’émouvante Suédoise Alicia Vikander, alias Gerda, prétend au second rôle féminin. En lice pour deux autres statuettes, Tom Hooper s’est inspiré du récit romancé de David Ebershoff et de la réalité pour raconter cette histoire d’amour liée à la quête irrépressible d’être une autre.

A voir même si la joliesse, le chic et le classique de la mise en scène ne sont pas vraiment à la hauteur du sujet. A l’instar du traitement qui, tendant à gommer la violence d’un parcours qu’on imagine tragique, confine parfois à la mièvrerie en dépit de son côté poignant. Comme si le réalisateur se retenait, de crainte de déplaire ou de choquer. Voilà qui n’a pas empêché le Qatar d’interdire le film, ridiculement qualifié de «dépravé».

Dans les salles